« On ne peut pas faire l'économie de la recherche sur les cellules embryonnaires », a reconnu le ministre de la Santé. Le député Jean-François Mattei s'était abstenu en janvier dernier lors du vote en première lecture de la nouvelle loi de bioéthique, qui ouvre la voie à cette recherche, craignant alors la création d'une catégorie d'embryons « qui deviendront un matériau ». Et interrogé en juin par « le Quotidien », il estimait que les recherches sur les embryons n'avaient pas « fait l'objet de débats suffisants au regard de ce qui était fait sur les cellules souches adultes ».
Aujourd'hui, il semble donc avoir entendu l'appel de nombreux chercheurs et de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine, dont il est membre, selon lesquels les travaux sur les cellules souches embryonnaires sont indispensables pour la recherche française. Fidèle à ses convictions de médecin et de catholique, il souligne certes que la priorité doit être donnée au respect de la vie et aux recherches sur les animaux et les cellules adultes. Mais « la médecine n'a jamais progressé que par la transgression », ajoute-t-il en citant l'autopsie, la transfusion ou les transplantations. Autre argument : « le principe de réalité » ; il serait hypocrite d'interdire la recherche sur les cellules embryonnaires alors qu'on peut facilement importer ces cellules.
Le gouvernement ne devrait donc pas s'opposer l'an prochain, lors de la nouvelle discussion sur la loi de bioéthique, à ce que la recherche sur l'embryon soit enfin autorisée, « dans des conditions très précises ».
Le Pr Mattei mise d'ailleurs beaucoup sur la recherche en général. Pour lui, il ne faut pas établir les priorités en termes de lutte contre telle ou telle pathologie, mais mettre au premier rang les biotechnologies, dont il parle avec enthousiasme. Les Français, eux, souhaitent que les efforts soient dirigés surtout contre le cancer, l'un des chantiers prioritaires lancés par le président de la République. Comme d'autres ministres avant lui, Jean-François Mattei a promis la mise en œuvre du dépistage systématique du cancer du sein : en janvier prochain, commencera un premier dépistage pour les familles à risque génétique et le 1er janvier 2004, assure-t-il, le dépistage se fera dans la France entière. Le dépistage du cancer du côlon sera mis à l'étude parallèlement, puis celui du cancer du col de l'utérus.
Non à l'euthanasie
La lutte contre la douleur et les fins de vie ne pouvaient être oubliés d'un ministre de la Santé qui se respecte. Pour Jean-François Mattei, « l'euthanasie est la mauvaise réponse à trois questions de fond : la douleur, la solitude et l'abandon ». Les bonnes réponses : la prise en charge de la douleur ( « Je vais poursuivre et amplifier le plan douleur lancé par Bernard Kouchner »), l'accompagnement des mourants, les soins palliatifs ( « Quand on ne peut plus soigner, il reste à "prendre soin" »). « Je ne crois pas que l'on puisse aujourd'hui écrire dans un texte de loi qu'un homme serait autorisé à donner la mort à un autre homme », insiste le ministre, sans se soucier, là encore, des sondages favorables à une dépénalisation, voire une légalisation.
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