Deux cents médecins, directeurs et infirmiers se sont réunis au Croisic, la semaine dernière, lors des Assises nationales de l'hôpital local, organisées par l'Association nationale des médecins généralistes d'hôpital local (AGHL), autour du thème « La permanence des soins à l'hôpital local ».
Un événement qui a coïncidé avec la signature par Jean-François Mattei d'une circulaire qui précise pour la première fois, noir sur blanc, les rôles et missions des hôpitaux locaux. Le président de l'AGHL, le Dr Dominique Hérault, apprécie la volonté affichée du ministre de la Santé de renforcer ces structures encore méconnues. « L'hôpital local traîne l'image ancienne des hospices ruraux. Or il a beaucoup évolué, explique-t-il. On n'y fait plus d'accouchements ni de chirurgie, mais on prend en charge les personnes âgées, les soins palliatifs, les troubles comportementaux, les problèmes liés à l'alcool. » Autant d'activités dites de proximité. Dans près de 70 % des cas, en effet, le malade admis à l'hôpital local arrive de son domicile.
L'hôpital local, interface à développer entre la médecine libérale et les services hospitaliers de spécialité disposant de plateaux techniques pointus : tel est le souhait du ministre de la Santé. « Je veux placer l'hôpital local comme premier niveau de prise en charge sanitaire », a-t-il indiqué dans un message adressé aux assises nationales.
Plusieurs orientations seront suivies pour en faire un « animateur local de santé ». Au niveau des structures, tout d'abord : multiplication des moyens pour l'hospitalisation en médecine, en soins de suite et de réadaptation et en soins de longue durée, création de lits d'hospitalisation à domicile, développement de l'accueil non programmé et des collaborations avec les hôpitaux voisins.
Des mesures bien accueillies
Au niveau des moyens humains, ensuite. Actuellement, les 57 000 lits des 355 hôpitaux locaux sont essentiellement gérés par des médecins généralistes libéraux : ils sont 3 500 à travailler dans les hôpitaux locaux, soit 70 % des médecins. Les praticiens hospitaliers et les spécialistes libéraux sont très minoritaires. une situation que Jean-François Mattei veut faire évoluer en créant des postes de praticien hospitalier partagés, et en favorisant les consultations de spécialistes libéraux à l'intérieur des hôpitaux locaux. Ces praticiens seront autorisés à être payés à l'acte, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent. Autre mesure envisagée pour attirer les médecins dans ces petites structures : la limitation des actes pratiqués par les médecins (deux actes par mois en soins de longue durée, par exemple) sera révisée à la hausse. Un groupe de travail ministériel est chargé de définir les nouvelles limites.
Dans leur ensemble, les orientations politiques présentées par le ministre de la Santé ont été très bien reçues par la profession. Pour le Conseil national de l'Ordre, « cela représente une solution pour répondre aux problèmes démographiques qui aujourd'hui menacent la permanence des soins ». Appréciation identique du côté de l'Association des médecins généralistes d'hôpital local : « On a souvent du mal à obtenir des ratios de personnels médicaux et paramédicaux suffisants dans ces petits hôpitaux alors qu'avec l'allongement de la durée de la vie les patients y sont de plus en plus nombreux », dit le président de l'AGHL, qui poursuit : « On subit les mêmes problèmes à l'hôpital local qu'à la ville. Dans les régions désertifiées, les médecins s'y font rares ».
La modification du statut des généralistes exerçant en hôpital local par le décret de mai 2002 avait déjà amélioré la donne - par exemple, en rémunérant les actes non médicaux tels que les réunions de CME à hauteur de 5C. Le Dr Hérault compte sur la nouvelle circulaire pour attirer de nouveaux confrères vers cette médecine hospitalière de proximité.
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