Jean-François Mattei a profité de son intervention au colloque « Médicaments et produits de santé : les nouveaux défis » pour féliciter l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) du travail accompli depuis sa création, il y a très exactement dix ans (un anniversaire sur lequel « le Quotidien » reviendra plus largement dans une prochaine édition). Le ministre de la Santé a saisi l'occasion pour rappeler les grands axes de sa politique du médicament, qu'il considère comme un levier essentiel de sa politique de maîtrise des dépenses de santé.
Première réforme que le ministre vient de lancer : les compétences de la commission de la transparence (qui dépend de l'AFSSAPS) sont élargies au-delà de son rôle traditionnel d'évaluation du service médical rendu (SMR) des médicaments. Désormais, la commission sera chargée de déterminer les patients susceptibles de bénéficier de tel médicament (définition des populations cibles) ; elle devra, en outre, vérifier l'impact des médicaments sur la santé publique. Cela afin de donner au politique les éléments lui permettant de juger si tel médicament doit ou non être remboursé par la collectivité. Cette décision dépendait jusqu'à présent de la commission de la transparence ; le ministre entend « la restituer au politique ».
L'évaluation du médicament et des produits de santé par l'AFSSAPS sera renforcée de manière à s'adapter aux critères de l'Agence européenne d'évaluation, a ajouté Jean-François Mattei. Le ministre tient à garantir la sécurité des produits mis à la disposition des Français ; mais, en parallèle, jugeant « préoccupante » la surconsommation médicamenteuse en France (chaque Français absorbe en moyenne près d'une boîte par semaine), le ministre rappelle aux Français qu'un médicament n'est pas un produit anodin. « Les produits de santé ne peuvent s'inscrire sans précaution dans la logique de consommation qui marque notre société », a-t-il déclaré. Pour inverser cette tendance, il veut sensibiliser ses concitoyens à « l'ambivalence de tout médicament actif », inciter les médecins à s'engager dans des programmes d'amélioration des pratiques, tout en associant l'industrie pharmaceutique à la démarche. Le succès de la campagne antibiotique doit également servir d'exemple, a ajouté le ministre.
Abordant la question des nouvelles approches thérapeutiques, Jean-François Mattei a incité l'AFSSAPS à approfondir son activité d'expertise et d'encadrement à propos de la thérapie génique et de la thérapie cellulaire. Constatant que, entre ces technologies, « les frontières s'estompent », et qu' « il devient difficile de séparer le médicament du gène médicament ou des cellules thérapeutiques », le ministre a annoncé la constitution prochaine d'une « grande agence de biomédecine (...) à même de fédérer toutes ces compétences ».
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