S’approcher au plus près du travail d’un peintre, aller dans les coulisses d’une œuvre, repérer les évolutions, les ruptures… l’exposition Matisse au Centre Pompidou, même si elle rassemble quelques grands chefs-d’œuvre, est d’abord exigeante. Elle s’inscrit dans une tendance déjà visible lors de l’exposition Claude Monet au Grand-Palais ou Munch en 2011, à savoir l’analyse de paires et séries où le peintre décline un même thème avec des traitements différents. Mais elle est ici au cœur du projet. Il s’agit bien de comprendre comment s’opère le travail du peintre à travers « une dualité fondamentale entre jaillissement rapide et spontané et reprise, parachèvement lent et heurté », selon la commissaire de l’exposition Cécile Debray. L’accrochage prend d’emblée une valeur pédagogique. Le spectateur se transforme ici en observateur attentif, prêt à débusquer les changements de technique, les évolutions et si l’on ose écrire les progrès. Comme si le second essai se libérait de l’accessoire, du décoratif pour aller ainsi à l’essentiel du projet artistique. Parfois, il traduit le changement d’humeur influencé par des événements personnels ou la marche du monde. En témoigne par exemple la paire constituée par La Blouse roumaine et Le Rêve, achevés respectivement entre avril et octobre 1940. Alors que le modèle revêtu de ce tissu en forme de cœur affronte le regard, dans la seconde version La blouse l’enveloppe complètement dans une position fœtale, loin du monde extérieur et de ses représentations.
Le concept de cette exposition s’inscrit dans l’œuvre même du peintre. En 1945, Matisse présente dans la galerie Maeght six tableaux entourés de tirages photographiques, révélant les états antérieurs des peintures, premier essai pour amener le visiteur à évaluer un travail in progress.
On peut toutefois regretter le parti pris de laisser le plus souvent seul le visiteur dans un face-à-face avec l’œuvre du peintre. Les textes d’accompagnement sont peu nombreux. Dommage.
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