JEAN-LUC GODARD est comme l'oracle, d'autant plus respecté que personne ne comprend vraiment ses prophéties. Ou comme le vieux sage dont les rares paroles sont écoutées avec recueillement.
Il est vrai que « Notre musique » et ses trois « royaumes » donnent matière à réflexions et à interprétations.
L'enfer, avec ses images de combats, d'explosions, de cadavres, documents et fictions mêlées dans un ordre certainement savant. Le purgatoire, à Sarajevo retrouvé pour les Rencontres européennes du livre, et Mostar, où l'on reconstruit le vieux pont du XVIe, symbole de réconciliation. Le paradis, gardé par des Marines américains, où l'on croque la pomme au bord d'une eau paisible.
La deuxième séquence est la plus parlante - faut-il dire la plus bavarde ? On y croise entre autres des écrivains comme Pierre Bergougnoux ou Mahmoud Darwich, une jeune juive en quête de sens et des Peaux Rouges. On y évoque la guerre et ceux qui en parlent (ce ne sont pas les mêmes), la Palestine, les vaincus et les victimes, le pardon... et Godard fait une conférence, photos à l'appui, sur le texte et l'image. Il n'y a pas de différence entre fiction et documentaire, dit-il, si l'on a bien compris. Il mêle donc personnes réelles et personnages imaginaires, citations et réflexions personnelles, sans juger nécessaire de faire la part des uns et des autres.
Des mots, des métaphores qui se cognent aux images. Une très belle musique pour les accompagner. « Si quelqu'un comprend ce que je dis, c'est que je me suis mal exprimée », jette la jeune fille. Godard ne s'exprime pas seulement par ce qu'il dit et ne veut pas forcément être compris. Reste un cinéma en forme d'interrogation sans cesse en mouvement. N'est-ce pas là la définition du 7e art ?
Sur les écrans depuis le 19 mai
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