S'il était possible de conserver, à un grand âge, une énergie et une santé de fer, qui n'aimerait pas vivre centenaire ? Une équipe de San Francisco a réussi à multiplier par 6 la durée de vie de vers C. elegans, qui ont vécu 124 jours en moyenne au lieu de 20, sans déclin de leur santé ni de leur vitalité. C'est la plus longue extension de vie moyenne jamais réalisée chez un organisme. Certains vers ont même vécu au-delà de 144 jours, ce qui équivaut, chez l'homme, à un âge de 500 ans ; cela avec la vigueur et la santé d'un jeune.
« La longévité des animaux trouvés dans la nature varie de quelques semaines à plus de cent ans », indique l'équipe du Dr Cynthia Kenyon (université de San Francisco) qui décrit son travail dans « Science ». « En supposant que l'ancêtre des métazoaires des temps modernes avait une longévité courte, des changements dans les gènes au cours de l'évolution ont allongé de plus de mille fois la durée de vie. Bien qu'ils soient très loin de cet exploit, nos résultats chez C. elegans montrent que des extensions remarquables de la durée de vie peuvent être obtenues, sans perte apparente de santé ou de vitalité, en perturbant un petit nombre de gènes et de tissus chez un animal. »
Les chercheurs ajoutent que ces extensions de longévité « sont d'autant plus intéressantes que la voie insuline/IGF-I contrôle la longévité de nombreuses espèces y compris des mammifères ».
Il avait été montré chez C. elegans que des mutations inhibant le signal insuline/IGF-I (Insuline Growth Factor I), comme les mutations daf-2 du récepteur insuline/IGF-I, peuvent doubler la longévité de l'animal.
Par ailleurs, le retrait des cellules précurseurs de la lignée germinale allonge aussi la durée de vie du ver de 60 %, extension apparemment non liée à la stérilité mais au signal endocrinien altéré.
Enfin, la combinaison de la mutation daf-2 et du retrait de la lignée germinale, ou du système reproductif entier, quadruple la longévité du ver.
Toutefois, lorsque l'activité daf-2 est fortement réduite, les jeunes vers C. elegans entrent dans un état de quiescence, ne grandissent plus, ou deviennent complètement léthargiques.
Inhibition daf-2 partielle
Arantes-Oliveira, Kenyon et coll. ont pris des vers porteurs d'une faible mutation daf-2, avec perte de fonction partielle, qui n'entrent pas en quiescence et vivent longtemps. Pour réduire un peu plus l'activité daf-2, ils ont soumis ces faibles mutants daf-2 à des ARN d'interférence daf-2 (ARNi daf-2). Cela a allongé davantage encore la longévité sans entraîner d'état de quiescence. Enfin, lorsque les gonades sont retirées chez ces vers (faibles mutants traités par ARNi daf-2), les nématodes vivent six fois plus longtemps que la normale et restent actifs la majeure partie de leur vie.
« Science », du 24 octobre 2003, p. 611.
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