D’une élégante sobriété dans son tailleur-pantalon gris anthracite, la « dame de fer française » arpente les allées du Parc Jean Mistral de Grenoble. 500 personnes l’attendent déjà. Pour le discours, esprit bucolique oblige, pas d’estrade mais un simple pupitre installé à même le sol, sur l’herbe. Une enceinte retransmet son plaidoyer : « la taxation des mutuelles représentera 5 à 6 euros de plus par mois dans le budget santé des Français, alors que certains renoncent à se faire soigner ! On demande aux hôpitaux de travailler comme des entreprises et de choisir leurs clients ! L’hôpital public n’est plus au cœur de l’excellence !» Ce n’est pas seulement la candidate aux primaires PS qui parle. Aujourd’hui Martine Aubry s’affiche en tant que « présidente du plus grand CHRU de France », celui de Lille. Mais pour les militants, il s’agit surtout d’une femme politique aspirant à la magistrature suprême : « Martine président ! Martine président ! » clament-ils.
Changement de décor, changement d’ambiance. Le CHU de Grenoble, immense bâtisse à l’architecture militaire, ancré au fond de sa vallée, dominée par les Alpes. Guidée par le Pr Pierre Simon Jouk, responsable du pôle couple - enfant, Martine Aubry commence sa visite de l’hôpital par la réanimation pédiatrique où elle pénètre comme dans une église. Les mains passées au savon antiseptique, la voix baissée d’un ton. Conversation intime au milieu des flashs. Elle ne parle plus, elle écoute le Pr Jouk lui exposant « les anciens problèmes du site hospitalier », « le handicap lourd de certains enfants », « les formidables équipes de soignants », tout en jetant un regard compatissant au-delà des vitres, dans les chambres des enfants. Un brin autoritaire elle houspille les photographes et rassure une maman étonnée : « ne vous inquiétez pas, c’est moi qu’ils voulaient prendre en photo ! ».
Appelée à s’exprimer devant le personnel hospitalier et les journalistes, Martine Aubry renoue avec son passé de ministre de la santé : « je suis fière d’avoir redressé les comptes de la sécurité sociale et d’avoir fait la CMU ». Au centre de ses propositions, elle met la médecine de ville autant que l’hôpital « dernier refuge » pour les malades : « on ne peut pas accepter que les urgences soient encombrées par des cas qui pourraient être traités par les médecins généralistes si le système des gardes était mieux organisé ».
Quelque chose de mitterrandien...
Pour son déplacement santé, François Hollande avait pour sa part choisi mardi dernier la capitale de la Bretagne, une des villes santé de l’OMS. Une après-midi dense comme un PLFSS, au cours de laquelle le candidat socialiste a rencontré des professionnels de la prévention dans un centre social en zone populaire, puis sur un des sites du CHU, une palette de médecins, avant de finir par un échange avec des syndicalistes hospitaliers. L’homme se montre attentif et curieux. Le ton est pédagogue avec -on ne se refait pas- quelque chose d’un rien miterrandien dans la voix, mais sans emphase.
ça passe plutôt bien auprès des blouses blanches, car la principale qualité du candidat, c’est la synthèse et c’est l’écoute. Au centre social du Blosne, une infirmière lui parle de la difficulté de trouver des lits en psychiatrie, une animatrice santé lui explique les effets délétères du ticket d’entrée de 30 euros sur les bénéficaires de l’ aide médicale d’Etat. Il opine, prend des notes, explique qu’il est venu pour apprendre du terrain. Plus tard, dans une salle de réunion de l’hôpital sud, coup de gueule du Pr Gilles Edan : "on en a marre des diktats qui viennent d’en haut et de cette entreprise déconstruction du service public. On est en train d’américaniser le système, c’est insupportable !" martèle le neurologue du CHU, qui joint le geste à la parole en remettant au candidat le "Manifeste pour une santé solidaire" (page XX). Le casting minutieusement préparé par le directeur général du CHU était un sans-faute, puisque deux médecins libéraux ont pu évoquer les problèmes démographiques de leur profession. Hollande trouve le ton juste, se gardant bien de verser trop dans la surenchère. Il insiste sur la nécessité d’améliorer l’articulation ville-hôpital, glisse que l’on devrait davantage envoyer les étudiants en stage dans les cabinets et lâche qu’on ne trouvera pas de solutions au déficit et à l’asphyxie, sans nouvelles modalités de financement. Le temps presse. Le candidat s’excuse un peu de devoir s’en aller si vite. Il s’éclipse. visite d’un quart d’heures au siège de la Fédération socialiste d’Ille-et-Vilaine. Puis 20 minutes sur le plateau de France 3. Avant de tenir en centre ville un de ses premiers meetings de campagne...
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