Le Généraliste. Dans un peu moins d’un mois s’ouvre le Congrès national de MG France à Marseille. Qu’attendez-vous de cet événement ?
Claude Leicher. Ce Congrès est l’occasion pour MG France de réunir les généralistes et de discuter de l’avenir de notre profession ainsi que de dessiner les perspectives pour les vingt années à venir. L’accent est mis sur l’organisation des soins de premier recours en équipe. Nous avons tous des relations avec les autres professionnels de proximité mais, jusqu’à présent, cela n’a pas encore été bien formalisé. La totalité du temps de travail fait en dehors de la présence du patient n’est pas rémunérée. La modernisation de notre métier est nécessaire pour améliorer l’exercice mais aussi pour attirer les jeunes. Nous attendons de la ministre, présente parmi nous le samedi, des déclarations suivies d’actions.
Pourquoi êtes-vous le syndicat qui soutient le plus la « Stratégie nationale de santé » ? Et que manque-t-il, selon vous, à cette réforme ?
C.L. Nous sommes partisans de recentrer le système non pas sur l’hôpital mais sur l’ambulatoire avec des généralistes qui soient les destinataires des moyens dont ils ont besoin. La « Stratégie nationale de santé » dessine exactement cela. Seulement, aujourd’hui, il faut mettre les moyens derrière. Et il faudrait aussi aller plus loin en changeant les mauvaises habitudes de certaines institutions, en faisant en sorte, par exemple, que l’hôpital n’empiète plus sur les missions de la médecine de ville.
Comment envisagez-vous la négociation interprofessionnelle sur la rémunération du travail en équipe reportée finalement au début de l’année 2014 ?
C.L. Le gouvernement nous dit, effectivement, que cette négociation va avoir lieu dans les trois à quatre mois qui viennent, une fois le PLFSS 2014 promulgué. Ces négociations seront la mise en œuvre par la voie conventionnelle des ENMR (Expérimentations de nouveaux modes de rémunération, ndlr). Nous avons maintenant besoin de passer d’un dispositif expérimental à quelque chose qui doit être à la fois une rémunération de la coordination entre professionnels de proximité mais également des moyens structurels. Tout ceci va s’inscrire dans le cadre d’un exercice normal et il ne faut pas que les médecins généralistes s’imaginent qu’ils vont avoir besoin de créer de superstructures de type maisons de santé partout. Ce n’est pas cela le sujet. Il s’agit simplement de rémunérer le travail qu’ils font déjà avec les professionnels de santé. La seule chose qu’on va leur demander, c’est simplement de formaliser leur relation dans un projet de santé.
MG France semble prêt à modifier les règles du jeu de l’exercice libéral, jusqu’où souhaitez-vous aller ?
C.L. Le paiement à l’acte reste indispensable mais nous estimons à MG France que même si vous n’avez pas de patient en face de vous, vous devez être rémunéré pour le travail qui est fait. C’est la raison pour laquelle nous avons fait la promotion des forfaits. Le paiement à l’acte doit être maintenu parce que lorsque vous travaillez plus, vous devez être payé plus. C’est une sécurité financière pour les médecins. Mais nous pensons que la part forfaitaire doit continuer à augmenter : elle constitue aujourd’hui environ 10% de la rémunération du médecin, mais c’est parce qu’il y a encore 10 à 15% de travail qui n’est pas rémunéré ! Dans une situation économique plus favorable, MG France demanderait à la fois que l’on paye l’acte à sa valeur correcte, c’est-à-dire à 25 euros et que l’on augmente les forfaits.
Le « Front généraliste », que vous avez lancé avec d’autres syndicats, a-t-il vocation à se transformer en intersyndicale, notamment avec les jeunes ?
C.L. L’avenir est devant nous car c’est la première fois que l’on s’exprimait ensemble. Nous voulons travailler avec l’ISNAR et Reagjir, mais nous sommes soucieux de ne pas empiéter sur les revendications des uns et des autres.
MG France n’a jamais paru aussi en phase avec le pouvoir en place. Ne craignez-vous pas d’être catalogué à « gauche » ?
C.L. Nous ne sommes pas en phase avec le pouvoir actuel. Nous avons travaillé aussi bien avec la droite. Nous sommes avant tout un syndicat professionnel. L’accès aux soins est une valeur universelle en France.
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