Transplantation cardiaque

Marseille fête son plus ancien greffé

Publié le 17/01/2006
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DE NOTRE CORRESPONDANTE

LE Pr METRAS et son équipe étaient particulièrement heureux de célébrer le 20e anniversaire de la greffe cardiaque d’André Lutz à l’hôpital de la Timone, à Marseille, ce qui en fait le plus ancien greffé du coeur dans cette ville. «C’est un formidable message d’espoir pour les patients en attente de greffe et les malades greffés, souligne le Pr Metras : vingt ans après une transplantation cardiaque, on peut vivre normalement.» Pour lui, il s’agissait de la deuxième opération de ce type. La première a eu lieu en décembre 1985. M. Lutz, alors machiniste à l’opéra de Marseille, souffrait d’une cardiomyopathie dilatée primaire et d’un oedème. Il bénéficiait d’une transplantation en janvier 1986.

«Un an plus tard, j’ai repris une activité professionnelle, en emploi léger aux services de la voirie de Marseille», explique-t-il pendant la conférence de presse organisée en son honneur. Il s’attarde un peu sur son envie de connaître le donneur, les questions qu’il s’est posées à son sujet, le bilan régulier effectué tous les quatre mois. «Il m’a fallu me réadapter à mon nouveau coeur, mais je peux dire que je me sens parfaitement bien pour un homme de 68ans.» Il continue d’ailleurs à faire un peu de sport en entretien général.

André Lutz est donc entré dans le cercle très fermé des plus anciens greffés de France, qui compte aujourd’hui une trentaine de membres.

L’importance du don.

Plus de 400 greffes du coeur ont été réalisées à la Timone ainsi que 90 transplantations du poumon ou transplantations coeur et poumons, essentiellement chez des enfants. «Actuellement, le nombre d’opérations a baissé en France, assure le Pr Metras. Avant, on pratiquait 500 à 600transplantations par an, aujourd’hui, on n’en fait plus que trois cent cinquante par an environ, grâce aux traitements médicamenteux.» Une cinquantaine de patients attendent une transplantation du coeur à Marseille.

«Le taux de succès, rappelle le spécialiste, est élevé. Après un an, 80% des greffés sont en vie. Ensuite, ce sont 60 à 65% qui sonttoujours vivants.»

Profitant de cet anniversaire, le chef de service de chirurgie cardio-vasculaire de la Timone insiste sur l’importance du don d’organes. «Il faut se déterminer avant et le faire savoir pour que d’autres n’aient pas à prendre cette décision après le décès.»

Moins de 350 greffes du coeur par an

En 2004, selon les derniers chiffres publiés par l’Agence de la biomédecine, 317 greffes de coeur et 22 greffes coeur-poumons ont été réalisées. A la fin de la même année, 277 malades étaient en attente d’un coeur et 39, d’une transplantation coeur-poumons. Tous organes confondus, des prélèvements ont pu être réalisés sur 1 291 personnes en état de mort encéphalique. Le prélèvement n’a pas pu être fait sur 1 224 autres, dans un tiers des cas par refus du don. L’âge moyen des donneurs prélevés était de 47,2 ans, avec 22,5 % de donneurs de plus de 60 ans.

> HÉLÈNE FOXONET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7879