C’est samedi dernier, aux alentours de midi, qu’un violent pugilat éclate à la clinique Bouchard, à Marseille, entre la famille d’un patient hospitalisé et plusieurs membres de l’équipe médicale en poste.
Que s’est-il passé ? Le Dr F., médecin anesthésiste-réanimateur, est alors en charge des soins intensifs. À la fin des visites, elle est prise à partie par un jeune garçon de 14 ans, dont le père est hospitalisé depuis une dizaine de jours. Le patient, âgé de 45 ans, est diabétique, dialysé chronique et souffre d’insuffisante rénale. Il a été amputé quelques jours auparavant d’une de ses jambes, après avoir subi une revascularisation par pontage qui n’a pas donné les résultats escomptés.
« Vous avez manqué de respect à mon père » : c’est ce que lance le jeune fils du patient au Dr F., surprise. « Il faisait référence à une petite altercation qui avait eu lieu avec une infirmière un peu plus tôt dans la matinée », explique le médecin au « Quotidien ». Le patient n’aurait pas accepté que l’infirmière, appliquant le protocole, s’occupe de la prise en charge de son insuline.
Intervention de la BAC
Le Dr F. se dirige donc vers la chambre du patient afin de « calmer les esprits ». Outre le garçon de 14 ans, par ailleurs en permission de sortie d’un centre éducatif fermé, le père est en compagnie de sa fille de 21 ans et d’un autre adolescent, probablement un ami. Soit trois visiteurs, dont un âgé de moins de 16 ans, alors qu’en soins intensifs, seuls deux personnes de plus de 16 ans sont admises. « Je suis entrée dans la chambre et rapidement, sans aucune parole, la jeune fille m’a sauté dessus, raconte le Dr F.Elle m’a étranglée, m’a poussée contre le mur, m’a mis une droite, puis une gauche. Je suis tombée à terre, K.O. Elle a continué à me taper, et son frère s’y est mis ».
Le patient, pas plus que l’ami du fils, ne réagissent. Une infirmière, présente, tente de s’interposer et « s’en prend une aussi », selon le récit du Dr F.. Voulant aider ses consœurs, un kinésithérapeute prend lui aussi des coups. La scène dure moins de cinq minutes.
Appelée en renfort, la brigade anticriminalité (BAC) arrive à l’hôpital et embarque tout le monde. Les deux mineurs ressortent du commissariat de Noailles dans l’après-midi, la jeune femme reste en garde à vue 48 heures. Les trois professionnels de santé, eux, portent plainte dans la foulée. La direction de l’hôpital, contactée par le « Quotidien », n’a pas souhaité communiquer.
Contusions
Ce qui peut surprendre, c’est le degré de violence déployée contre le corps médical. L’amputation est-elle directement ou indirectement à l’origine de cette colère familiale ? Y aurait-il eu erreur médicale ?Aucunement, selon le Dr F. « Au début, le patient ne voulait pas se faire amputer, bien sûr. Mais son pronostic vital était engagé. Après discussion avec l’équipe de néphrologues et avec sa mère et son frère, il a accepté. Il était d’accord et conscient de ce qu’on faisait ». Un médecin de la clinique avance « l’instabilité du patient et de sa famille » comme raison à ce déchaînement de violence. Tel autre professionnel évoque « la rancœur, la colère accumulée due à sa pathologie ».
Souffrant de « contusions multiples et d’une entorse cervicale », le Dr F. a reçu une ITT de 8 jours. L’infirmière s’est vu délivrer une ITT de 2 jours. Le kinésithérapeute a repris le travail. Le patient a été transféré dans un autre hôpital. Quant à la jeune femme de 21 ans, elle devra comparaître devant un juge d’instance en décembre.
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