La découverte de nouveaux marqueurs moléculaires devrait permettre de diagnostiquer avec précision le niveau de risque des lésions du col utérin associées à la présence de papillomavirus. Leur intérêt et leur place dans la pratique ont fait l’objet d’une des sessions de la conférence de consensus d’experts*.
LA MORTALITE par cancer du col utérin a diminué dans de nombreux pays occidentaux ces dernières années. La politique de dépistage et les moyens techno- logiques mis en oeuvre sont évidemment responsables de cette diminution. Mais de nouveaux marqueurs doivent encore être identifiés et validés. On espère beaucoup des marqueurs pouvant être détectés par des tests facilement reproductibles.
Les papillomavirus (VHP) oncogènes peuvent contribuer au développement malin d’une lignée cellulaire par différents mécanismes, intriqués pour la plupart (1). Des protéines sont impliquées dans ces mécanismes ; ce sont les marqueurs moléculaires dont la mise en évidence est essentielle dans l’étude de la physiopathologie (1, 2).
Ces biomarqueurs peuvent être des indicateurs d’une maladie, de son stade et aussi de la susceptibilité individuelle à la développer.
Trois niveaux de risque peuvent être individualisés dans la pathogénie du cancer cervical et de ses états précurseurs :
– l’infection de l’épithélium par un papillomavirus à haut risque ;
– l’émergence de lignées cellulaires porteuses de l’expression de l’oncogène viral dans les couches basale et sous-basale de la muqueuse ;
– la progression des lésions prénéoplasiques vers le carcinome invasif.
Aujourd’hui, toutes les recherches sur de nouveaux marqueurs doivent tenir compte de ces trois étapes (3, 4). La détection des infections à papillomavirus (HPV) par les tests courants permet d’identifier les patients à risque (degré 1). Une infection à HPV de haut risque est nécessaire pour induire la transformation de la lésion de degré 1 en cancer. Cependant, la plupart des infections HPV se résolvent spontanément et peu de femmes infectées par le HPV développent des lésions cliniques. Un test HPV positif ne justifie donc pas une intervention médicale, mais permet d’identifier les femmes à risque élevé aussi longtemps que l’infection persiste.
Les principaux événements provoquant la transformation de l’épithélium cervical sont initiés par l’expression aberrante des oncogènes viraux E6 et E7 qui induisent la réplication des cellules basales et parabasales infectés. Durant un cycle viral normal, ces gènes sont seulement exprimés dans les cellules différenciées des couches les plus superficielles de l’épithélium cervical. Les oncogènes ne peuvent ni léser ni transformer ces cellules. Par contre, s’ils sont activés dans des cellules incomplètement différenciées, ils peuvent intervenir dans la régulation du cycle cellulaire, sur les mitoses et induire des instabilités chromosomiques qui sont à leur tour impliquées dans les processus néoplasiques.
La mise en évidence des changements cellulaires dans les cellules basales et parabasales lors de l’expression aberrante des oncogènes viraux peut donc donner des informations diagnostiques importantes. Certains marqueurs peuvent signaler les populations cellulaires ayant atteint le niveau de risque 2. D’autres peuvent témoigner de la progression vers le niveau de risque 3.
Plusieurs voies de recherche sont donc explorées pour identifier de nouveaux marqueurs.
Un travail récent suggère qu’il existe certains produits cellulaires qui peuvent être activés, soit directement, soit indirectement, par le modèle d’expression aberrant des oncogènes viraux des cellules basales et parabasales. De tels marqueurs ont l’avantage de produire des anticorps contre les protéines cellulaires qui, même en petites quantités, donnent des informations intéressantes indépendamment de l’activité sous-jacente des HPV à haut risque. Le prototype de ces marqueurs est un produit du gène p16INK4a qui délivre une information précise sur les cellules soumises à l’expression aberrante des oncogènes des HPV à haut risque (3, 4).
Aujourd’hui, l’évaluation clinique de ces concepts suggère que ces marqueurs ont probablement tendance à indiquer la progression de lésions déjà amorcées et qu’ils peuvent manquer de sensibilité.
Quoi qu’il en soit, la découverte de nouveaux marqueurs, leur identification, la mise en évidence de leur rôle dans la physiopathologie de la maladie ne peuvent que contribuer à un diagnostic plus précis du stade de la maladie et donc à une meilleure prise en charge.
*Le rapport final sera disponible auprès d’Eurogin : www.eurogin.com (1) von Knebel Doeberitz M. Eur J Cancer 2002; 38: 2229-2242.
(2) Syrjänen KJ.
. Eur J Gynaecol Oncol 2005; 26: 118-124.
(3) Wentzensen N, et coll.
Cancer 2005; 105: 461-467. (4) Wang SS, et coll. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2004 ; 13: 1355-1360.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature