L'ANNÉE DERNIÈRE, les nouvelles consultations de Marmottan sur les addictions (cannabis, jeux d'argent et de hasard, jeux en réseau sur Internet) ont fait recette, avec un quart des 1 554 patients – dont 886 nouveaux – accueillis par l'institution parisienne. Quant aux « toxicomanes classiques », la cocaïne et le crack comptent depuis plusieurs années parmi les substances les plus utilisées.
En ce qui concerne le cannabis, sur 214 consultants, cent quinze sont venus pour des raisons judiciaires (classement avec orientation, injonction thérapeutique et obligation de soins). A l'issue du premier entretien, 27 % des demandeurs sont orientés vers un établissement plus adapté à leur situation, en général une centre médico-psychologique, tandis que 41 % bénéficient déjà d'une prise en charge, un suivi psychiatrique pour la moitié d'entre eux (troubles psychotiques).
Au chapitre de la cyberaddiction, Marmottan a reçu 53 patients, dont 39 pour un premier accueil, la majorité en lien avec un usage excessif des jeux vidéo et quelques-uns, des hommes de 30 à 36 ans, avec le cybersexe. Le jeu pathologique (des casinos à la spéculation boursière, en passant par les jeux de grattage ou les paris sur Internet) a été le motif de consultation de 108 personnes. Soixante-dix-huit pour cent sont des hommes, de plus de 50 ans (33 %), séparés de leur conjoint postérieurement à leur pratique de jeu (27 %) et bénéficiant d'un suivi médical (43 %) antérieur ou concomitant à leur prise en charge par Marmottan.
Vers un observatoire des jeux.
«2006 a vu des avancées significatives dans la prise en compte par l'Etat des addictions sans substances, à travers la reconnaissance du jeu excessif, souligne le Dr Marc Valleur, chef de service de Marmottan. Le premier élément concret fut l'installation auprès du ministre des Finances du comité pour le jeu responsable chargé de lutter contre la dépendance. Cette décision a été suivie d'effets, puisque la protection des mineurs devient réelle, qu'une expertise collective de l'Inserm sur le jeu excessif a été commandée et qu'uneétude de prévalence du jeu pathologique en France devrait être mise en chantier.» A terme, un observatoire des jeux et une autorité de régulation pour l'ensemble des opérateurs devraient voir le jour.
«Dans ce contexte, souligne le psychiatre, le soin reste en retrait, la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie est à peu près absente et le ministère de la Santé plutôt timide. Alors que les centres de soins pour toxicomanes et les centres de consultation en alcoologie sont censés devenir des centres d'addictologie,aucune mesure concrète ne vient accompagner cette bonne intention», regrette-t-il.
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