L 'AN 2000 aura été une année charnière au centre parisien Marmottan d'aide aux toxicomanes. Le Pr Claude Olievenstein, qui partira à la retraite le mois prochain, avait souhaité, il y a plus d'un an, transmettre la responsabilité de chef de service à son confrère, Marc Valleur, afin d'assurer « une transition progressive et fluide ». La mission propre d'accueil et de prise en charge quotidienne de 80 à 90 personnes s'est poursuivie.
En outre, l'établissement a continué à accompagner de 10 à 15 patients hospitalisés, participant ou répondant, dans le même temps, aux nombreuses demandes de recherche, de publications et de formation de personnels.
Sur le terrain de la réduction des risques, quelque 13 000 seringues et 15 000 préservatifs ont été distribués en consultation de médecine, et la file active des patients sous Subutex a compté 593 personnes. Au total, le centre a réalisé, en 2000, 43 864 actes, dont 37 840 (7 848 relevant de traitement de substitution) liés directement à la toxicodépendance.
Pour le Dr Marc Valleur, psychiatre, et son équipe, le fait majeur qui va s'accélérant tient à l'utilisation « d'opiacés légaux », notamment la buprénorphine hors cadre légal. « Il existe un marché noir de ces produits. La proportion de personnes ayant recours à un mode d'usage inadéquat pour le Subutex, qu'il s'agisse du "sniff", de la fumée ou de l'injection, est également très importante. » L'injection de buprénorphine haut dosage concernerait « 30 % de ceux qui l'utilisent ». Or une pratique comporte des conséquences sanitaires graves. Les soignants voient, pour l'instant, des « complications locales et locorégionales », principalement des abcès et des scléroses veineuses. Au bout de quelques années, des pathologies de type hypertension artérielle pulmonaire ou insuffisance cardiaque sont à prévoir.
En moyenne, les usagers du service de médecine générale de Marmottan sont des hommes (68 %), âgés de plus de 35 ans (48 %) ou de 25-34 ans (44 %) ; 10 % sont des étrangers ; 39 % n'ont jamais été incarcérés et 28 % n'avaient pas accès, à leur arrivée, à un remboursement par la Sécurité sociale. En ce qui concerne le VIH, 19,7 % sont positifs, contre 70 % avec le HCV.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature