On ne s’étonnera pas du choix de Marisol Touraine pour la Santé, tant l’arrivée aux commandes de cette ex-strausskahnienne était attendue. Une élégante quinqua - 53 ans, trois enfants et un mari diplomate - au CV irréprochable prend donc les rênes de la Santé. Surdiplômée (agrégée en sciences économiques et sociales, elle a fait Normale Sup’ et Sciences-Po), Marisol Touraine est l’ancienne responsable du pôle « social, santé, handicap, personnes âgées » de l’équipe de campagne de l’alors candidat François Hollande. Elle est également députée d’Indre-et-Loire depuis 2007. À l’Assemblée, la conseillère d’État, fille du sociologue Alain Touraine, a élaboré et défendu les positions du PS sur la Sécu, la santé et les retraites. Plaira-t-elle aux professionnels de santé ? En tout cas, son plus grand atout est d’être à la fois raisonnable et modérée donc médico-compatible, même si elle n’est pas médecin. Fin 2010, lors de l’adoption du « Projet pour l’égalité réelle » du PS, elle ne cachait pas certaines réserves face à des propositions audacieuses concernant le paiement à l’acte promis à devenir « résiduel » et la liberté d’installation. Sous son influence, le projet de François Hollande pour la santé a pu apparaitre plus «centriste» et en tout cas moins coercitif que celui de Martine Aubry lors des primaires socialistes. Avec elle, les Agences régionales de santé (ARS) n’ont rien à craindre, même si elle se fait fort de vouloir réécrire, en partie, la loi HPST.
Quelles pourraient être ses priorités pour le quinquennat ? L’accès de tous les Français à un service d’urgences en 30 minutes maximum, le plan d’urgence pour l’installation des jeunes médecins promis par François Hollande, l’« encadrement » des dépassements d’honoraires pour « diminuer le reste à charge des assurés », en font partie. Dès la parution des décrets sur le secteur optionnel, l’équipe de Hollande les avait jugés « inefficaces ». Sur la démographie, il faut s’attendre à une régulation des nouvelles installations en secteur 2 « dans les zones déjà surdotées ». Une des priorités de la nouvelle ministre sera également une loi-cadre sur le vieillissement et la dépendance chiffrée à 360 millions d’euros par an. Quant aux débats de société, Marisol Touraine n’aura visiblement pas peur de défendre, comme elle l’a déjà fait récemment en débattant face à Jean Leonetti, la position de François Hollande sur l’euthanasie. Enfin, sur la contraception des mineures, Marisol Touraine avait soutenu les féministes et fustigé les propos de l’ancien président qui estimait que les parents de mineures prenant une contraception devaient en être informés : « Nicolas Sarkozy renvoie 10 ans en arrière » avait-elle écrit, alors qu’elle était déjà, probablement, projetée vers le futur.
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