Fumée blanche sur le ministère de la Santé… Depuis huit jours les médecins connaissent donc leur ministre. Tout sauf un coup de théâtre puisque dans la course à l’avenue de Ségur, Marisol Touraine était en pole position, promise à tout le moins à un poste dans le gouvernement. Certains proches jurent qu’à la veille de l’annonce, la députée d’Indre-et-Loire ignorait tout de son sort, mais on a un peu de mal à les croire. Experte du social depuis des années pour le PS, elle avait rédigé le volet santé du programme Hollande et pouvait apporter visage neuf et féminité dans un gouvernement qui visait le renouveau et la parité… Un sans-faute, sanctionné donc par un sans-surprise.
Plus étonnante sans doute est l’architecture retenue : un grand ministère des Affaires sociales, avec la santé en régie directe. La juste taille pour s’imposer ? Peut-être bien. Le périmètre de Marisol Touraine ressemblera à celui d’un Evin à la fin des années 80. Elle sera plus autonome qu’une Bachelot, puisqu’elle a finalement obtenu la tutelle sur les comptes de la Sécu. Et elle sera sans doute moins empêtrée qu’une Aubry ou un Bertrand qui devaient – excusez du peu ! – gérer, non seulement les crises sanitaires, la réforme des retraites, et le comblement du trou de la Sécu, mais aussi surveiller la courbe du chômage… Bertrand s’en est sorti par une parfaite connaissance des dossiers santé. Mais on peut se demander si son demi-échec sur le secteur optionnel n’est pas lié à un département ministériel tentaculaire. Sa remplaçante n’aura pas ce problème. Elle part avec un petit déficit de notoriété. Mais à la différence du maire de Saint-Quentin, elle est a priori maître du temps : indispensable pour imposer ses vues, par exemple sur les dépassements d’honoraires...
La santé, c’est donc elle, et uniquement elle, puisque Marisol Touraine ne sera pas épaulée par un ministre délégué à la Santé. Est-ce un bon signe pour les médecins ? On peut le penser. 6e dans la liste du gouvernement, Marisol Touraine est un des poids lourds de cette équipe. Pour le monde de la santé, mieux vaut un interlocuteur de ce niveau. Signe des temps, peut-être, la nouvelle «?impératrice?» du social dispose en revanche de trois ministres délégués : Famille, Handicap et Personnes âgées. Ce dernier maroquin est actuellement détenu par un médecin, la cancérologue Michèle Delaunay, qu’on verrait bien – qui sait ? – s’adjoindre un jour la santé si elle faisait ses preuves sur la dépendance…
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