IL AURA fallu quelques années, une bonne dose de travail et surtout du courage à Marie-Laure Grillon pour voir son rêve enfin se réaliser. La jeune doctorante commence des études de psychologie à Tours, avant de se lancer dans un double cursus de recherche en neurosciences cognitives qu'elle poursuivra à Bordeaux. «L'approche clinique était importante pour moi, afin de compléter des études plus théoriques. Le contact avec les patients est absolument indispensable dans cette filière», assure-t-elle. Naturellement, l'étudiante originaire de Chartres affine ses choix. De plus en plus intéressée par la psychologie, elle avoue avoir depuis longtemps un intérêt particulier pour la schizophrénie. «C'est une pathologie qui m'a toujours interpellée et qui demeure aujourd'hui encore trop mal connue», explique-t-elle.
En 2002, la jeune femme poursuit ses études à Paris et effectue un stage dans le cadre de l'INSERM. Une fois en DEA, elle ne se pose pas la question de savoir si la recherche est réservée aux hommes. Elle décide d'aller trouver elle-même les solutions aux questions qu'elle se pose sur cette maladie.
Un tremplin vers le succès.
Au cours de ses études, la jeune chercheuse remarque le manque d'informations au sujet des troubles de la mémoire chez des sujets schizophrènes. Est-ce un problème de stockage de l'information ? Ou de traitement de l'information ? Dans une première phase comportementale, elle étudie alors ces troubles de la mémoire chez des patients consentants recrutés auprès de psychiatres. La condition : il faut des patients uniquement sous traitement antipsychotique. Elle comprend alors que les sujets ont des difficultés à transformer rapidement une information sensorielle en une représentation mentale. «Il s'agira par la suite de développer des techniques de remédiation cognitive en faisant travailler la mémoire des patients et pour pallier leurs déficits», annonce-t-elle. Des techniques déjà utilisées pour les troubles neuropsychologiques et qui devraient contribuer à améliorer la qualité de vie des patients.
Il y a tout juste un an, Marie-Laure Grillon envoyait son dossier de candidature pour obtenir l'une des bourses L'Oréal, décrivant précisément son parcours et la nature de ses travaux de recherche. «Les critères sont l'originalité du travail et sa qualité», précise-t-elle. En août, la nouvelle tombe. Une bourse de 10 000 euros lui sera accordée. «Pour moi, cette nouvelle est venue couronner de longs efforts. Ce fut également un acte de reconnaissance.» Grâce à cette bourse, Marie-Laure pourra se former à l'imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle) afin de traiter des données acquises récemment durant sa thèse. «Il s'agit d'analyser une trentaine de coupes de cerveaux et d'en faire la moyenne à l'aide de logiciels compliqués d'utilisation.» Elle pourra visualiser quelle zone du cerveau est activée quand le sujet accomplit une tâche.
En juin prochain, Marie-Laure soutiendra sa thèse. Ensuite ? «J'envisage de poursuivre une carrière d'enseignante chercheuse. J'aimerais continuer à faire à la fois de la recherche tout en pratiquant de la clinique. Mais les places sont chères…» Même si, dans son domaine, les femmes ne sont pas sous-représentées, la jeune chercheuse encourage les étudiantes à suivre son exemple. Quant au secret de sa réussite, elle le livre simplement : «Ne pas se décourager, persévérer et faire ce qu'il nous plaît. Car lorsque l'on aime ce que l'on fait, il n'y a pas de problèmes!»
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