Dans sa note de conjoncture mensuelle diffusée il y a quelques jours, la Caisse nationale d'assurance-maladie constate que les taux de génériques prescrits en juillet et en août sont en hausse. Ce qui confirme, précise la CNAM, la tendance observée en juin.
Ainsi, en juin, 7,8 % des boîtes de médicaments délivrées par les pharmaciens étaient des génériques. Ce taux est passé à 8,4 % en juillet et à 8,7 % en août. En valeur, on constate qu'en juin, les génériques représentant 4,2 % des dépenses de médicaments remboursés, contre 4,6 % en juillet et 4,7 % en août. Un montant encore faible, mais le prix des génériques étant évidemment et par nature même, bien inférieur à celui des autres médicaments, le montant des remboursements en génériques reste encore faible. Mais, précise la CNAM, « qu'il s'agisse des montants ou des dénombrements calculés dans le marché du médicament remboursable ou dans le répertoire (qui recense l'ensemble des médicaments génériques et leur princeps et qui est diffusé par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, AFSSAPS), tous les résultats convergent : le marché des génériques progresse ».
Mieux, lorsque c'est possible, c'est-à-dire qu'un générique peut être prescrit ou dispensé à la place d'un médicament princeps, un peu plus de 39 % des boîtes délivrées en août, soit près de quatre sur dix, note la CNAM, contiennent des médicaments génériques, contre un tiers en janvier 2002. « En montant présenté au remboursement, poursuit la caisse, la part des médicaments princeps a diminué de sept points depuis le début de l'année. »
La conséquence de l'accord du 5 juin ?
Faut-il voir dans ces bonnes statistiques - bien que la France reste encore loin derrière certains pays comme l'Allemagne ou les pays - la conséquence directe de l'accord signé le 5 juin entre les syndicats de médecins généralistes et l'assurance-maladie ? Un accord qui, on le sait, précise que les médecins s'engagent à prescrire au moins 12,5 % de génériques, la première année.
Il est évident que cette clause a joué, même s'il faut rester prudent, tant on manque encore de recul.
Les généralistes, qui se sont battus de longs mois pour obtenir le C à 20 euros, doivent montrer aujourd'hui qu'ils respectent l'accord qu'ils ont signé.
D'ailleurs, les responsables des syndicats médicaux ne ménagent pas leurs efforts pour convaincre leurs confrères de prescrire de plus en plus en dénomination commune (DC), comme le prévoit le texte du 5 juin et de plus en plus de génériques.
Enfin, les campagnes de communication menées par la CNAM auprès des médecins mais surtout des patients pour tenter de leur démontrer que le générique n'est pas un « sous-médicament » mais bel et bien une spécialité aussi efficace que le médicament princeps, ont eu une influence certaine. A force de répéter les messages, ils commencent à être intégrés par le consommateur et le patient qui hésitent de moins en moins à accepter le générique prescrit pas leur médecin ou substitué par leur pharmacien.
L'enquête du CREDOC
Preuve en est une récente enquête du CREDOC, menée à l'initiative de la CNAM, qui montre qu'aujourd'hui 62 % des Français sont totalement favorables aux génériques. Reste qu'il existe encore, reconnaît l'assurance-maladie « un certain décalage entre la confiance déclarative dans les médicaments génériques et leur utilisation réelle ». Une consommation qui varie énormément selon le sexe et l'âge, selon les groupes sociaux et qui dépend étroitement du niveau socioculturel. Il est significatif que ce sont les personnes les plus défavorisées qui hésitent à utiliser les génériques. « Ce constat, note encore la CNAM, met bien en évidence l'importance d'une information complète sur ces sujets. »
Enfin, on peut s'interroger sur les conséquences de l'instauration d'un forfait de remboursement inscrit dans le PLFSS 2003, concernant cette montée des génériques. Ne risque-t-il pas la freiner ? Beaucoup le craignent en tout cas. Nous y reviendrons prochainement.
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