EN NOVEMBRE dernier, une jeune modèle brésilienne de 18 ans, qui pesait 40 kilos pour 1,74 m, est morte d’une septicémie à la suite d’une infection. Ce qui a ravivé la polémique sur les milieux de la mode. Ils sont accusés de favoriser l’anorexie des adolescentes, des mannequins et de toutes celles qui souhaitent le devenir ou leur ressembler. Un mois auparavant, les organisateurs d’un important défilé de Madrid avaient exclu les mannequins à l’indice de masse corporelle trop faible (inférieur à 18). A Milan, la décision avait été approuvée sans être imitée (« le Quotidien » du 20 novembre). New York avait jugé l’interdiction espagnole «discriminatoire». Didier Grumbach, président de la Fédération française de la couture, s’était lui aussi prononcé à l’époque contre une réglementation pour aujourd’hui prêcher pour plus d’ «information».
Les fédérations de la mode italienne, américaine, anglaise et française se sont en effet réunies la semaine dernière pour évoquer le sujet, en plein défilés de haute couture printemps-été 2007. «L’anorexie est un problème grave auquel on ne peut être insensible et suffisamment complexe pour qu’une réflexion soit menée collectivement sous l’égide du ministère de la Santé», conclut M. Grumbach.
C’est ce qu’a organisé Xavier Bertrand. Il a annoncé la mise en place d’un groupe de travail sur« l’image du corps » . «L’impact des représentations collectives du corps sur la santé est de plus en plus évident dans notre société», explique le ministre dans la lettre de mission adressée aux deux coprésidents du groupe de travail, le pédopsychiatre Marcel Rufo et le sociologue Jean-Pierre Poulain, auteur d’essais sur l’alimentation.
Ces représentations collectives peuvent constituer, poursuit le ministre, «un pouvoir de prescription alimentaire, notamment chez les plus vulnérables et les adolescents».
Cible : les ados.
La recherche de minceur, voire de maigreur, est visée, la stigmatisation des obèses aussi, «qui s’exerce tant dans leur vie professionnelle qu’affective et sociale».
Sous deux mois, le groupe de travail, qui réunit experts scientifiques, intellectuels, acteurs des métiers de la mode, de la publicité, des annonceurs, du sport et des médias, devrait proposer un «cadre d’engagement collectif et volontaire» portant sur la pub, la mode et l’apparence du corps, comme le prévoyait le deuxième programme national Nutrition Santé lancé en septembre dernier. Ce cadre devra traiter de l’éthique de la représentation du corps dans le mannequinat et la pub visant à «protéger les personnes qui sont présentées dans les créations de ces métiers de l’influence de normes excessives et souvent informelles, et d’éviter que la mode ou la publicité ne véhiculent des promesses abusives et n’induisent finalement des effets délétères pour la santé individuelle et les conduites alimentaires».
Le rôle des différents acteurs et facteurs qui modèlent ou véhiculent de telles images devrait y être analysé.
Le groupe se penchera en particulier sur le cas des populations vulnérables, notamment les adolescents touchés par les troubles du comportement alimentaire. Et devrait proposer une série de mesures «concrètes et opérationnelles» d’ici à la fin de l’année, qui seront alors présentées au comité de pilotage du programme national Nutrition Santé.
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