Réciter à haute voix un mantra (prière de yoga) ou une prière en latin (Ave Maria) pourrait être ajouté au traitement des patients souffrant de maladies cardiaques, comme le suggèrent Luciano Bernardi et coll. (Italie) : les rythmes respiratoires imposés par ces pratiques coïncident avec la fréquence spontanée de six respirations par minute, qui, synchronisant les activités sympathiques et vagales, produit une amélioration du rythme cardiaque.
Il y plus d'un siècle, Mayer décrivait l'existence d'un rythme spontané de la pression artérielle, constaté chez les sujets sains, composé de cycles de dix secondes (six par minute), déclenchés et rythmés par la respiration et en relation avec les activités du système nerveux autonome.
Ces notions ont acquis de l'intérêt à une époque plus récente, quand on a réalisé l'importance de la variabilité du rythme cardiaque : une diminution de cette variabilité est reconnue comme facteur prédictif indépendant de risque après un infarctus ou dans l'insuffisance cardiaque.
A Florence et à Pavie, 23 adultes sains ont récité sous contrôle (ECG, rythme respiratoire, TA, perfusion artérielle cérébrale par doppler), qui l'Ave Maria en latin*, qui un mantra** « à haute et intelligible voix », à raison de six récitations par minute. Les sujets devaient dire un rosaire : cinquante Ave Maria entrecoupés de réponses par la congrégation et se clôturant par une respirations. L'étude comportait une comparaison avec la respiration spontanée, le discours libre et des exercices de contrôle respiratoire au rythme de six cycles par minute.
L'Ave Maria et le mantra, avec une égale efficacité, ont produit une amélioration de variabilité de tous les rythmes cardio-vasculaires, perçus sur les intervalles RR, les pressions sanguines systoliques et diastoliques. On a observé également une oscillation rythmique de la perfusion cérébrale, induite par la rythmicité respiratoire de six par minute.
La fréquence respiratoire, à 14/mn pendant la respiration spontanée, s'est réduite, pendant la conversation libre et plus encore pendant les récitations et les exercices de contrôle respiratoire, jusqu'à 6/mn, où elle était particulièrement régulière.
« BMJ », vol. 323, 22-29 décembre 2001, 1446-1449.
* « Ave maria, gratia plena, dominus tecum, benedicta tui mulieribus et benedictus fructus ventri tui Jesus. »
** « Om-mani-padme-om », à réciter lentement et en expirant.
Le lien historique
La récitation du rosaire et d'un mantra de yoga n'est éloignée culturellement qu'en apparence. L'histoire le montre : le rosaire a été introduit en Europe par les Croisés, qui l'avaient pris chez les Arabes, qui eux-mêmes le tenaient des Tibétains... Ce qui tend à montrer que les caractéristiques (temps de récitation de dix secondes) et les effets de ces psalmodies est peut-être plus que le fait du hasard. Ils représentent en tous cas un bon moyen de caler sa respiration sur un bon rythme.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature