EN 1441, ÂGÉ de 10 ans, Mantegna entre à Padoue comme apprenti dans l'atelier de Francesco Squarcione. Il s'y formera précocement. La grâce de l'Antiquité l'inspire, tout comme les statues de Donatello ou les primitifs flamands. Il réalise ses premières toiles dans un style d'une grandeur austère et sévère dont il ne se départira pas (la sobriété et l'ascèse du « Saint Bernardin de Sienne » en témoignent, tout comme le hiératisme des visages dans « la Vierge et l'Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant, saint Zacharie et sainte Elisabeth »). En 1453, il épouse la soeur de Giovanni Bellini. Une période d'échanges et d'influences réciproques s'ouvre alors entre le peintre vénitien et Mantegna. Celui-ci emprunte la tendresse à l'artiste des madones (« Vierge à l'enfant entre Saint Jérôme et Saint Louis de Toulouse ») ; il inspire de son côté Giovanni dans le raffinement des poses et les drapés sculpturaux (« la Vierge et l'enfant »). On admirera la brillante confrontation des oeuvres de ces artistes de la Renaissance (avec la présence de celles de Jacopo Bellini, le père de Giovanni).
Avec le « Triptyque de San Zeno » de Vérone, qu'il réalise de 1456 à 1459, Mantegna signe une composition d'une poésie, d'une douceur et d'une perfection rares. L'un des panneaux du triptyque, « le Jardin des oliviers », éblouit par son architecture harmonieuse et frappe par la minutie avec laquelle le maître a peint le moindre détail. Mantegna imite scrupuleusement la nature et applique rigoureusement les principes de la perspective, avec un rare talent d'observateur et une grande précision du trait. Il crée une fascinante illusion de la réalité. L'artiste se plaisait aussi à imiter la sculpture : dans la somptueuse peinture de « la Vierge de la victoire », immense exvoto, la base du trône est ornée de reproductions de bas-reliefs.
Des incartades fantastiques.
En 1460, Mantegna entre à Mantoue au service de la dynastie des Gonzague, dont il devient le peintre en titre. Visionnaire et novateur, il multipliera les audaces pour plaire à son nouveau mécène (« la Circoncision ») et plus tard pour ravir la marquise Isabelle d'Este qui lui commande une peinture pour ses appartements privés ( studiolo). Dans cette dernière oeuvre, on remarquera les arbres et les nuages que Mantegna a anthropomorphisés, incartades fantastiques qu'il se permettait parfois.
L'exposition se clôt sur les dernières années de Mantegna et sur le XVIe siècle naissant. La «maniera moderna» d'un Michel-Ange ou d'un Raphaël prirent peu à peu le dessus sur les inventions spatiales du maître de Padoue, et sur son style austère et méticuleux. Avec « l'Adoration des Mages » et « Ecce Homo », deux remarquables toiles tardives, Mantegna livre une vision majestueuse et sereine de l'homme, plus placide, plus douce, qui incarne l'idéal de la Renaissance du XVe siècle.
Musée du Louvre, Paris 1er. Tél. 01.40.20.53.17. Tlj sauf mardi, de 9 h à 18 h (mercredi et vendredi jusqu'à 22 h). Entrée : 9,50 euros. Jusqu'au 5 janvier 2009.
Catalogue, co-édition musée du Louvre/Hazan, 480 p., 45 euros.
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