A moins d'une semaine de la manifestation nationale à laquelle il appelle, le Centre national des professions de santé (CNPS) préfère rester prudent sur le nombre de participants attendus dans les rues de Paris le 12 juin. « La mobilisation est importante. On sent un frémissement », se contente de commenter son président, le Dr Jacques Reignault.
La mobilisation de professionnels de santé libéraux, notamment un jour de semaine, est toujours un pari hasardeux, et si les organisateurs comptent sur le « ras-le-bol » que leur inspire la politique de maîtrise des dépenses de santé du gouvernement, d'autres évoquent également le phénomène de lassitude d'une profession qui se mobilise régulièrement depuis cinq ans sans résultats probants.
En outre, la décision de manifester dans les rues de Paris n'a pas fait, loin s'en faut, l'unanimité dans les rangs du CNPS. Si les dentistes de la Confédération des syndicats médicaux dentaires (CNSD) et les médecins de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) ont fortement poussé dans ce sens, certaines organisations, comme MG-France pour les médecins généralistes, la Fédération nationale des infirmiers (FNI), la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes ou encore les organisations de pharmaciens, y étaient hostiles en période de concertation et « de reprise du dialogue social » ; et préféraient des actions locales destinées à promouvoir leur nouvelle plate-forme de propositions adoptée lors des assises de l'organisation au mois d'avril.
Les pharmaciens ont donc déjà fait savoir qu'ils ne participeraient pas à la manifestation et la FFMKR ne donnera pas non plus de mot d'ordre national dans ce sens. Quant à MG-France, qui prendra position le 9 juin, il devrait donner la préférence à une journée d'action et d'information locale.
Ce sont donc les médecins de la CSMF, les dentistes, mais aussi les représentants de l'hospitalisation privée qui devraient fournir les gros bataillons de la manifestation, avec l'apport de professionnels moins nombreux, mais bien mobilisés, comme les sages-femmes, les orthophonistes et les orthoptistes.
Les organisateurs restent cependant optimistes.
Le problème de l'Ile-de-France
D'après les remontées provenant des centres départementaux de professions de santé, la mobilisation se fait bien dans les régions et plusieurs cars et trains ont déjà été affrétés. Une impression confirmée par la CSMF, où des régions comme PACA, la Lorraine, la Franche-Comté ou le Languedoc-Roussillon ont déjà bien mobilisé leurs troupes. Quant à l'hospitalisation privée qui manifeste en solidarité avec ses 35 000 médecins libéraux, elle devrait utiliser des ambulances si la préfecture lui en donne l'autorisation. Tous reconnaissent que ce sont les professionnels de santé d'Ile-de-France qui, paradoxalement, seront les plus difficiles à mobiliser, alors qu'on comptait sur eux pour constituer le gros des manifestants.
Quant aux mots d'ordre de la manifestation, ils semblent hésiter entre les deux stratégies qui s'affrontent en ce moment au sein du CNPS : le refus pur et simple de la maîtrise budgétaire des dépenses de santé et la défense de leur plate-forme de propositions dont l'objectif est de renouer le dialogue avec le gouvernement et les caisses d'assurance-maladie.
« Certains, parmi nous, recherchent des solutions qui ne soient pas celles de la rue. Mais les professionnels ont compris qu'il n'y a pas d'autres solutions dans ce pays pour se faire entendre. Si on loupe l'occasion maintenant, ensuite, avec les vacances et les élections qui se profilent, il sera trop tard », estime le Dr Reignault.
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