Manet serait-il un peintre incohérent selon le mot d’un critique Clément Greenberg cité dans le très beau catalogue* qui accompagne l’exposition au Musée d’Orsay ? Trop souvent réduit aux scandales de l’Olympia et du déjeuner sur l’herbe, ou présenté comme l’inventeur de l’art moderne, le peintre ne peut être associé à un seul mot d’ordre ou recruté comme le héros d’une avant-garde. La palette de ce fils de magistrat, grand propriétaire foncier, est évidemment beaucoup plus large et échappe à toute idée de classification. En témoigne le parcours de l’exposition qui retrace l’itinéraire d’un artiste, homme de son temps avec ses contradictions, ses doutes, ses errances, son élan mystique, son engagement politique au service de la République, ses amitiés avec les plus grands écrivains et poètes.
Et puis, au-delà de l’Histoire, il y a ses portraits de femmes et ses liens avec ses modèles, ses muses. Une salle est ainsi consacrée à la rencontre d’Édouard Manet avec une jeune peintre au destin prometteur, Berthe Morisot. En six ans, elle est au cœur de onze portraits à l’huile, deux à l’aquarelle. Entre passion amoureuse interdite et reconnaissance artistique se joue et se peint une histoire où se devinent frustration et mélancolie, désir et élégance, beauté et deuil. En 1874, Berthe Morizot se marie avec le frère de Manet. Le peintre offre comme cadeau de mariage une ultime composition au jeune couple Berthe Morizot à l’éventail. Le cycle s’achève. Berthe devient un modèle interdit. Fin de l’histoire.
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