SUR LE PAPIER, les choses avancent. Le budget de la Sécurité sociale, adopté la semaine dernière, a entériné le principe d’équité de rémunération entre médecins salariés des centres de santé et professionnels libéraux (sur la prévention, le dépistage du cancer colorectal, la prise en charge des tests de l’angine virale et la majoration forfaitaire pour les personnes âgées) ainsi que l’éligibilité des centres aux nouveaux modes de rémunération. Contribuant à l’accessibilité aux soins par leurs tarifs opposables, ils sont reconnus comme acteurs à part entière de la stratégie nationale de santé orchestrée par Marisol Touraine (première ministre à se rendre à leur congrès de puis des années). Et la généralisation programmée du tiers payant devrait leur être profitable, à terme, avec des frais de gestion allégés si le système technique est efficace.
Ces signaux prometteurs ne parviennent pas à rassurer le secteur. En juillet, l’IGAS dénonçait un modèle structurellement boiteux. L’origine du mal est structurelle, l’équilibre économique des centres reposant intégralement sur l’activité de soins. Lors d’un récent colloque, à Paris, les discussions entre gestionnaires et médecins des centres de santé ont confirmé qu’aucune potion magique n’a été trouvée pour mettre fin au déséquilibre chronique qui paralyse la croissance de ces structures. Concilier vocation sociale, santé publique et finances au vert apparaît souvent comme une équation impossible.
Danse du ventre.
Président de la Fédération nationale des centres de santé, le Dr Richard Lopez incrimine une fois encore le paiement à l’acte ultra-pénalisant. Les 23 euros de consultation que perçoit chaque médecin n’intègrent « ni le travail d’équipe, ni le tiers payant intégral, ni la dimension sociale, ni le mode d’exercice pluriprofessionnel », résume-t-il. Ce qui contraint les équipes « à faire la danse du ventre auprès des gestionnaires » pour boucler les fins de mois. Le praticien plaide pour une réforme globale du financement de l’offre de soins ambulatoire.
Thierry Pattou n’est pas plus optimiste. À Nice, le président de la branche médicale du réseau des centres de la Mutualité française dirige une structure où exercent 70 médecins et dentistes. Cinq employés gèrent « du matin au soir » le tiers payant dont bénéficient 70 000 patients par an.Des « charges incompressibles » qui plombent les finances des centres, que le gestionnaire ne peut combler par les cotisations des adhérents. « Les centres doivent s’en sortir par eux-mêmes », assène Thierry Pattou. Seule certitude : les nouvelles structures ont tout intérêt à « mixer » activités médicales avec soins dentaires ou infirmiers, moins fragiles.
Jean-Marie Le Guen, adjoint socialiste au maire de Paris, soulève la « contradiction » entre les discours de soutien à l’exercice regroupé et le passage à la vie réelle. « Les choses ne sont pas si simples, admet-il, notamment en matière de financement ».
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