En pratique on distingue trois types de professionnels en souffrance.
1-les professionnels « décotés »
Les radiologues et les biologistes sont une nouvelle fois mis à contribution. La loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) qui vient d’être adoptée prévoit une nouvelle baisse des tarifs opposables pour ces deux spécialités. « La radiologie est en colère », lâche le conseil professionnel de la radiologie française. Les jeunes radiologues en formation partagent la même inquiétude. C’est la septième année consécutive de décotations, quel que soit le pouvoir politique en place. Pour la biologie médicale, une baisse du chiffre d’affaires de 200 millions d’euros devrait être partagée par 3 800 laboratoires. 8 000 emplois seraient menacés. Les biologistes ont fermé leurs laboratoires tous les après-midi au début du mois de novembre. Au-delà de l’aspect purement comptable de ces mesures qui hérissent les professionnels, l’architecture du système est en profonde rénovation. En ligne de mire est visé le nombre de centres beaucoup plus élevé en France que dans les autres pays européens. Selon le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger, on recense 8,1 laboratoires pour 100 000 habitants dans l’Hexagone. L’Allemagne dispose seulement d’1,8 laboratoire pour le même bassin de population, le Royaume-Uni 1,9. Sans surprise, une concentration du nombre de laboratoires est programmée dans les prochaines années. Dès à présent 160 plateaux techniques permettent une mutualisation des moyens. Ce nombre devrait croître à l’avenir.
2- Les mal aimés.
L’hospitalisation privée a le blues. Gérard Parmentier dans sa chronique adressée le 14 novembre dernier aux membres de l’Union nationale hospitalière privée de cancérologie n’hésite pas à parler de « rupture […] assumée : le privé n’est plus un acteur du système, du service public de santé, c’est un corps étranger ». L’affaire de l’amendement 47 bis voté en catimini par l’Assemblée nationale lors du vote du PFLSS risque de laisser des traces. Il propose d’assurer le respect du taux de l’Ondam en intervenant sur les tarifs tout au long de l’année et non plus en gelant les Migac en début d’année, comme cela se produisait régulièrement sous le précédent gouvernement. Pour les cliniques, il n’y aurait plus d’égalité de traitement entre les secteurs public et privé. La plaie provoquée par le discours prononcé par Marisol Touraine lors d’Hôpital Expo en mai dernier n’est toujours pas cicatrisée. Résultat, la Fédération de l’hospitalisation privée soutient activement le mouvement de grève des chirurgiens.
Quant aux spécialistes libéraux, notamment les chirurgiens qui protestent contre l’encadrement des honoraires en secteur II, en grève depuis le 12 novembre, ils soulignent la stigmatisation dont ils sont victimes. « Les chirurgiens ont en marre du dénigrement de la profession organisé par les pouvoirs publics », lâche Philipe Cuq, le président du syndicat le Bloc.
Est-ce seulement de l’amour que ces praticiens réclament ?
3- Les jeunes médecins.
La coupe est pleine pour les nouvelles générations en formation. Les nuages s’accumulent avec une liberté tarifaire désormais encadrée, une supposée menace sur la liberté d’installation, une perte d’attractivité des carrières à l’hôpital. Ils bénéficient d’un fort mouvement de sympathie. Selon un sondage BVA-Aviva-Les Échos, 86 % des personnes interrogées soutiennent le mouvement des jeunes médecins. Pour autant, ils ne sont guère nombreux à participer à la grève. Ils seraient près de 20 % à cesser le travail en province, 32 % à Paris le 14 novembre dernier.
Toutes ces « souffrances » constituent-elles un tableau clinique unique avec plusieurs portes d’entrées ? Rien n’est moins sûr. Il faudrait plutôt parler d’accès de fièvre. L’évolution demeure toutefois imprévisible…
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