L'inclusion des patients dans les essais cliniques en matière de neuropathies dégénératives à prion se heurte à des problèmes de recrutement et d'évaluation. Il n'existe pas de test diagnostic de la maladie. Celui qui est en cours de développement dans le laboratoire du Pr Stanley Prusiner (San Francisco) est capable de mesurer les deux catégories de PrP pathogènes, mais les différences entre les résultats observés chez un animal porteur de la maladie et un animal sain sont trop peu importantes pour que le test puisse être utilisé à des fins diagnostiques. Il va falloir amplifier d'une manière ou d'une autre cette différence, indique le Pr Prusiner.
Des patients à un stade avancé
Les patients ne sont inclus qu'à un stade avancé de la maladie, où il est certainement très difficile d'obtenir une rétrocession des atteintes neurologiques et où les tests d'évaluation sont difficiles à appliquer.
Un essai a été mené en France avec la mépacrine, dans le cadre d'un protocole compassionnel, c'est-à-dire en l'absence d'un groupe contrôle.
Le produit qui était utilisé dans les années soixante-dix dans le traitement du paludisme n'a plus d'AMM en France. Sa mise à disposition a été décidée dans le cadre d'une ATU nominative pour tous les diagnostics de MCJ.
Entre août 2001 et août 2002 ont été inclus 39 patients, dont 26 souffraient de MCJ sporadique, 7 de MCJ iatrogénique, 3 de MCJ génétique et 3 nouveaux variants. Le traitement a été donné en moyenne pendant trente-huit jours (entre 1 et 265) à la dose de 200 mg toutes les six heures. Il n'a pas été observé d'amélioration détectable, ni clinique ni fonctionnelle. Six patients se sont aggravés, les autres n'ont pas eu de changement. Seul un patient a connu une amélioration transitoire. La moyenne de survie est de 9 mois, alors qu'elle est de 8,4 mois pour des patients appariés pour l'âge et la notification de l'état (résultat non significatif).
« Les résultats, qui ne sont pas en faveur d'une efficacité thérapeutique, doivent être interprétés avec prudence », avertit le rapporteur de l'essai, le Dr J.-P. Brandel (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris). Cet essai a été réalisé en collaboration avec l'INSERM U360 (Annick Alpérovitch).
N. Nakajima (Fukuoka, Japon) rapporte un essai de quinacrine donnée pendant douze semaines au Japon, chez 3 patients ayant une forme sporadique. Une amélioration transitoire est observée chez deux malades (une petite amélioration du mutisme et du contact visuel), mais, là aussi, de manière transitoire, chez ces patients déjà très détériorés.
La flupirtine en Allemagne
La flupirtine (triaminopyridine) a fait l'objet d'un essai d'efficacité sur les fonctions cognitives en Allemagne (M. Otto, Göttingen). Les résultats, sur 13 patients (alors que 15 ont reçu un placebo), montrent qu'il existe moins de détériorations cognitives par cotation sur une échelle d'évaluation de la maladie d'Alzheimer.
S'ils ne sont pas déterminants quant aux perspectives de guérison d'une MCJ, ces essais font toutefois dire aux spécialistes : « On peut commencer à penser raisonnablement à la mise en place d'essais cliniques contrôlés », exprime le Pr D. Dormont (CEA, Fontenay-aux-Roses).
Conférence internationale, « New Perpectives for Prion Therapeutics », Paris.
L'incubation
Quarante ans est la notion que l'on a maintenant de la durée d'incubation potentielle d'une maladie à prions. Autrefois, les tribus Papous se transmettaient le Kuru, une encéphalopathie spongiforme dégénérative, par cannibalisme sur leurs morts. Le rite s'est éteint à la fin des années cinquante. Mais on continue à voir apparaître de nouveaux cas. Ce qui veut dire qu'il existe une possibilité d'un temps d'incubation aussi prolongé dans les encéphalopathies spongiformes humaines et que cela peut être le cas de la maladie de Creutzfeldt Jakob liée à l'exposition à l'ESB (Pr Dominique Dormont).
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