REFERENCE
Prédisposition familiale, station debout prolongée, thrombose veineuse sont des facteurs déterminants des troubles veineux chez l'homme. D'autres semblent l'aggraver : la sédentarité, l'âge, le surpoids.
La maladie variqueuse évolue au fil du temps vers des complications : dème, plus rarement claudication veineuse, thrombose veineuse superficielle, thrombose veineuse profonde, troubles trophiques (de 2 à 7 % de la population), en particulier dermite ocre, hypodermite d'origine veineuse, ulcère veineux (1 % de la population générale, avec deux femmes pour un homme).
En ce qui concerne la prévalence de la maladie veineuse chez l'homme, les données publiées peuvent sembler contradictoires car les auteurs n'utilisent pas tous les mêmes critères pour parler de la maladie veineuse : certains ne comptabilisent que les varices, d'autres étudient tous les aspects fonctionnels et organiques de la maladie.
Schématiquement, 50 % de la population occidentale souffrent de signes d'insuffisance veineuse (40-50 % des hommes, 50-55 % des femmes). Différentes études européennes étayent ces données (Cf. tableau 1).
Dans l'étude anglaise « Edinburg Vein Study », 33 % de la population de 18 à 64 ans présentent des varices saphéniennes visibles (homme = femme) avec des formes moins sévères chez l'homme. D'après des études identiques conduites entre 1960 et 1970, il semblerait qu'il existe depuis une augmentation de la prévalence de la maladie (changement de mode de vie ?).
Dans une étude espagnole « Detect-IVC 2000 » (non encore indexée) portant sur 21 566 patients (63 % de femmes et 37 % d'hommes), 68 % des consultants âgés en moyenne de 51,4 ans présentaient des signes cliniques compatibles avec une insuffisance veineuse.
Quatre-vingts pour cent des consultants présentaient des facteurs de risque d'IVC. Chez l'homme, les principaux facteurs de risque étaient la sédentarité (34 %), le surpoids et les antécédents familiaux.
Dans l'étude SU.VI.MAX, la prévalence de la maladie se rapproche des autres données publiées (18 % chez l'homme et 30 % chez la femme) dans la couche de population étudiée.
Soixante quatorze pour cent des hommes chez qui un diagnostic d'insuffisance veineuse a été évoqué à l'interrogatoire avaient des varices, pour 50 % des femmes.
A contrario, cela signifie que chez l'homme se plaignant d'une symptomatologie fonctionnelle le diagnostic de varices est plus fréquent. En pratique, ce symptôme est plus fréquemment associé à une insuffisance veineuse organique que chez la femme.
En outre, la prévalence augmente avec l'âge. L'étude de Coon montre que la prévalence chez l'homme passe de 0 % chez l'homme de 10-19 ans à 57 % après 70 ans (Cf. tableau 2).
L'écho-Doppler permet d'identifier l'origine de la varice visible sur le membre inférieur. Au cours de l'« Edinburg Vein Study », on a pu ainsi montrer que l'origine de la maladie se situait au niveau des veines suivantes :
- Homme
Veines superficielles : 9 %.
Veines profondes : 22 %.
- Femme
Veines superficielles : 15 %.
Veines profondes : 11 %.
Les hommes présentent deux fois plus de reflux sur les veines profondes que les femmes.
Prédisposition familiale
On ne peut parler d'hérédité au sens strict car il n'y a pas de transmission mendélienne.
Une étude française incontournable dans ce domaine a analysé la fréquence de la maladie veineuse en fonction de l'atteinte parentale.
(Tableau 3)
L'homme a autant de risques de présenter une maladie veineuse qu'une femme si ses deux parents sont atteints.
La fréquence de la maladie est de 39 % chez des hommes travaillant debout, de 24 % chez des hommes travaillant dans la bâtiment et de 22 % chez des hommes travaillant assis. Il existe dans cette étude italienne une corrélation linéaire entre le nombre d'heures passées debout au travail et la fréquence des signes de maladie veineuse.
En 1981, Widmer retrouve 56 % de veines variqueuses chez des employés de l'industrie travaillant le plus souvent debout.
Une autre étude néerlandaise évalue à 29 % la fréquence de l'insuffisance veineuse chronique chez des hommes travaillant debout. Les sujets variqueux se plaignent dans 81 % des cas d'avoir mal aux jambes et les non-variqueux dans 63 % des cas.
De plus, on constate une augmentation du volume des jambes chez 60 % des sujets variqueux.
Thrombose veineuse profonde
Il existe une corrélation entre l'apparition d'une thrombose veineuse profonde (TVP) et l'existence de varices préexistantes.
En revanche, la fréquence de la TVP chez l'homme semble moins importante que chez la femme.
Facteurs annexes
Après intervention chirurgicale, le risque de développer une TVP persiste plusieurs semaines après la sortie de l'hôpital. Ainsi, six semaines après la fin de l'hospitalisation, on a retrouvé une thrombose chez 25 % des patients. Cette étude est un argument pour la poursuite du traitement prophylactique au-delà du séjour hospitalier (contention et héparine).
Le risque de développer une TVP après un voyage est également mieux cerné. Il est à peu près acquis qu'il existe une association entre voyage en position assise et thrombose veineuse. Sa fréquence serait faible chez le sujet sain mais beaucoup moins rare chez le sujet à risque. Après un vol de longue durée, de 18 heures en moyenne, Scurrs retrouve, chez 10 % des passagers, une thrombose surale asymptomatique.
Belcaro signale l'existence d'une TVP chez 2,7 % des patients à haut risque de thrombose après un vol de 12 heures en classe économique. En revanche, il ne retrouve aucune TVP dans un groupe à faible risque.
L'dème apparaissant lors d'un voyage aérien peut être considéré comme un facteur de risque de TVP. Deux auteurs ont quantifiés son importance.
Lutter contre les préjugés
1) Le symptôme « jambes lourdes-douleurs » est plus souvent associé à des varices chez l'homme que chez la femme.
2) Chez 60 % des hommes présentant des varices, il existe un dème.
3) Les varices visibles semblent presque aussi fréquentes chez l'homme que chez la femme.
4) En cas de varices, la circulation profonde est deux fois plus souvent atteinte chez l'homme que chez la femme.
5) L'homme développe la maladie dix ans après la femme.
6) Le travail debout, la sédentarité et le surpoids sont des facteurs aggravant une insuffisance veineuse chez l'homme.
7) L'homme ayant deux parents variqueux a autant de risques que la femme d'avoir des varices.
8) L'existence de varices est un facteur de risque de thrombose, en particulier après une intervention chirurgicale ou après un long voyage.
Tableau 1
Homme
|
Femme
|
|
Formes débutantes |
25%
|
30%
|
Varices visibles |
De 10 à 15%
|
De 20 à 25%
|
Avec troubles trophiques |
De 2 à 7%
|
De 3 à 7%
|
Tableau 2
Age
|
Prévalence chez l'homme
|
Prévalence chez la femme
|
10-19
|
0
|
0,1
|
20-29
|
0,9
|
8
|
30-39
|
6,7
|
26,4
|
40-49
|
23,7
|
41,3
|
50-59
|
36,3
|
53,4
|
60-69
|
43,4
|
72,1
|
70 et +
|
56,8
|
76,8
|
Tableau 3
Un parent
|
Deux parents
|
0 parent
|
|
Fille
|
62%
|
90%
|
20%
|
Garçon
|
25%
|
90%
|
20%
|
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature