Surdités d'origine professionnelle
Il importe de distinguer la surdité brutale liée à un accident du travail de la surdité liée à une exposition chronique au bruit (maladie professionnelle) ; de penser à une maladie professionnelle devant tout patient ayant une gêne auditive. Toute personne se plaignant d'acouphènes ou de sifflements doit bénéficier d'un examen par un ORL et d'un bilan audiométrique. Le déficit atteint toutes les fréquences, y compris les 500 Hz (≥ 30 dB), avec une extension prédominante sur les fréquences aiguës.
Un repérage médical précoce est nécessaire, car le déficit auditif initial n'est pas perçu par le patient. Quand la surdité est installée, elle est irréversible ; le déficit atteint toutes les fréquences, avec une prédominance dans les fréquences aiguës.
Exposition aux bruits
Principales situations de travail exposant aux bruits lésionnels.
Pour identifier une exposition professionnelle, il est important de penser à poser des questions telles que :
– effectuez-vous des tâches qui génèrent du bruit ?
– travaillez-vous dans une ambiance bruyante ?
– êtes-vous obligé d'élever la voix pour vous faire entendre par un collègue qui travaille juste à côté de vous ?
– portez-vous des protections auditives ?
Devant des symptômes nouvellement apparus ou aggravés, il est nécessaire de rechercher une exposition professionnelle en interrogeant le patient sur les métiers exercés :
– métallurgie ;
– construction, BTP ;
– industrie des produits minéraux ;
– construction navale, aéronautique et ferroviaire ;
– industrie automobile ;
– imprimerie ;
– industries agricole et alimentaire ;
– maintenance sur sites pétrochimiques ;
– utilisation de munitions, explosifs ;
– travaux forestiers…
Autres causes de surdité professionnelle
La surdité professionnelle peut également être provoquée ou aggravée par des produits chimiques ototoxiques en milieu de travail ( solvants aromatiques, monoxyde de carbone et acide cyanhydrique), des agents biologiques (Streptococcus suis).
La consommation de certains médicaments (aminosides, diurétiques, acide acétylsalicylique) peut aggraver une surdité (atteinte cochléo-vestibulaire) (Inrs). Il faut être vigilant avec la prise d'un de ces médicaments, lors de la reprise du travail exposé au bruit.
Diagnostic
La confirmation de la surdité, la précision de sa sévérité, l'évocation de l'origine professionnelle sont réalisées en collaboration avec l'ORL et le médecin du travail. Le médecin traitant doit questionner son patient sur la pratique antérieure d'audiogrammes en médecine du travail.
Les signes auditifs sont représentés au début par une fatigue auditive associant acouphènes, céphalées et vertiges, puis une gêne de l'intelligibilité de la voix chuchotée. Particularité régionale oblige, en Provence, nous demandons aux patients s'ils entendent toujours les cigales en été (fréquences aiguës).
Il existe également des signes fonctionnels non spécifiques extra-auditifs (effets neuropsychiques et cognitifs, cardio-vasculaires, digestifs, hormonaux).
Bilan
Le patient doit être adressé à un ORL pour réaliser un bilan auditif comprenant une audiométrie tonale liminaire, une audiométrie vocale et une impédancemétrie. La surdité professionnelle débute par un scotome auditif aux 4 000 Hz. C'est une surdité de perception bilatérale et symétrique, avec atteinte endocochléaire, donc irréversible. Pour être indemnisée, la perte auditive doit être supérieure ou égale à 35 dB sur la meilleure oreille.
Prévention
Il est souhaitable d'alerter le médecin du travail devant des anomalies auditives même débutantes, d'origine professionnelle, pour déclencher les actions de prévention nécessaires. Pour éviter l'aggravation des symptômes du patient, il faut lui expliquer l'intérêt du port de protections auditives individuelles, même pour les activités bruyantes extraprofessionnelles.
Traitement et réparation
Il n'existe pas de traitement à proprement parler, mais seulement des moyens de réhabilitation auditive par l'intermédiaire des prothèses auditives.
Prothèses auditives : si le patient est reconnu travailleur handicapé, une aide financière par l'Agefiph (Association de gestion de fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) est possible, dans le cadre du maintien ou du retour à l'emploi.
Les atteintes auditives d'une certaine gravité sont réparées dans le tableau n° 42 du régime général et dans le tableau n° 46 du régime agricole. Pour la rédaction du certificat médical initial, reprendre si possible la désignation de la maladie dans le tableau.
Références – Enquête SUMER DRT – DARES. Premières synthèses, juin 2005, n° 25.3 : le bruit au travail en 2003.
– Bruit et agents ototoxiques, brochure ED 5028, février 2005, de l'Inrs.
Remerciements au Pr Jean-Marc Thomassin, au Dr Stéphane Roman (ORL, hôpital de la Timone, Marseille) pour leur aimable contribution.
Sistepaca
Cette fiche, disponible sur le site www.sistePACA.org, a été réalisée par le Système d'information en santé, travail et environnement Provence-Alpes-Côte d'Azur (Sistepaca). Elle est inspirée, après autorisation, du document « Effets du bruit sur l'organisme humain » de l'université virtuelle de médecine du travail. Le Sistepaca est animé par l'observatoire régional de la santé Paca, avec le soutien du conseil régional Paca, de la direction régionale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle Paca, et la collaboration de médecins du travail, de l'inspection médicale régionale du travail et de la main-d'oeuvre Paca, de la direction régionale du service médical (Cnamts) Paca-Corse et de la consultation de pathologie professionnelle (Marseille).
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