14° Congrès de la Société Française de Rhumatologie 19 - 21 novembre 2001, à Paris (CNIT-La Défense)

Maladie ostéoporotique : une morbimortalité à jeu égal avec les autres pathologies chroniques

Publié le 18/11/2001
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D'après les études épidémiologiques menées à travers le monde sur l'ostéoporose, les chiffres de fréquence, de morbidité et de mortalité liées aux fractures ostéoporotiques présentent un caractère universel.
« Il est important, souligne le Pr Delmas, de ramener les chiffres dont on dispose sur cette pathologie à ceux d'autres maladies qui sont considérées comme plus préoccupantes. » Ainsi, aux Etats-Unis, une étude faite il y a cinq ans montrait que, chaque année, 1,5 million de femmes présentaient une fracture ostéoporotique alors que 513 000 étaient victimes d'un accident cardiaque, 228 000 d'un accident vasculaire cérébral et 184 000 d'un cancer du sein. Des données nord-américaines relèvent également que le risque de décès d'une femme de 50 ans par fracture du col du fémur est de 2,8 %, c'est-à-dire le même que celui du cancer du sein. « Je ne pense pas, continue le Pr Delmas, que les femmes aient la même hantise de ces deux pathologies, et pourtant l'ostéoporose tue autant que le cancer du sein. » Une étude menée en Suède, au Danemark et en Allemagne montre également des chiffres identiques de mortalité après accident vasculaire cérébral et fracture du col du fémur.
L'ostéoporose a aussi un coût conséquent. Ainsi, une étude publiée en 1997 et menée en Suisse en 1992 mettait en évidence que le nombre de journées d'hospitalisation aiguë (hommes et femmes confondus) était de 700 000 pour ostéoporose, de 891 000 pour maladie pulmonaire chronique, de 533 000 pour l'accident vasculaire cérébral et de 328 000 pour l'infarctus du myocarde. Chez les femmes uniquement, l'ostéoporose arrivait en tête. En France, les dépenses de santé liées à l'ostéoporose sont évaluées à 7 milliards de francs par an.

Ce n'est pourtant pas une fatalité...

L'ostéoporose est donc fréquente, source de morbidité importante et d'un excès de mortalité, non seulement dans les cas de fracture de hanche mais aussi de fracture vertébrale. Elle pèse aussi très lourd dans le budget de la santé. « Or, et c'est le paradoxe qui touche cette pathologie, note le Pr Delmas, contrairement à d'autres maladies chroniques, on peut en faire le diagnostic précocement en mesurant la densité minérale osseuse et réduire efficacement le risque de fracture grâce au traitement. L'ostéoporose n'est donc pas une fatalité. »
L'un des bémols au diagnostic précoce est évidemment le non-remboursement de la mesure de la densité minérale osseuse par absorptiométrie aux rayons X, alors qu'il existe un consensus scientifique international pour dire que cet examen est fiable et qu'il donne une évaluation précise du risque fracturaire. Il n'est pas question aujourd'hui pour la communauté scientifique d'en faire un examen de dépistage mais une méthode diagnostique réservée aux femmes ménopausées présentant un ou plusieurs facteurs de risque (essentiellement corticothérapie chronique, ménopause précoce, antécédents maternels de fracture ostéoporotique, antécédents personnels de fracture, diminution de taille...).
« Une pratique plus large de cet examen permettrait de traiter nombreuses femmes, remarque le Pr Delmas. A ce propos, il serait d'ailleurs souhaitable que certains traitements efficaces soient pris en charge avant la survenue de la première fracture ! Par ailleurs, force est de constater aussi que 30 % des fractures vertébrales échappent à la lecture radiologique de simples clichés vertébraux. »
Reste au médecin à être alerté par des signes parfois banalisés par la patiente elle-même et à entreprendre une prise en charge efficace, en sachant que certains traitements peuvent réduire le risque fracturaire de 50 %.

D'après un entretien avec le Pr Pierre Delmas, président de la Fondation internationale de l'ostéoporose (www.osteofound.org), Lyon.

Dr Brigitte MARTIN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7012