La stimulation continue à haute fréquence (130 Hz) du noyau subthalamique constitue une alternative thérapeutique à la dopamine chez un certain nombre de patients qui ont développé des effets secondaires invalidants à la dopamine. Ce mode de traitement est réservé aux patients de moins de 70 ans souffrant de dyskinésies (akinésie et rigidité) au bout de plusieurs années de traitement dopaminergique. La SHF est efficace et présente l'avantage de ne pas entraîner d'effets secondaires.
Les spécialistes s'interrogent sur le mode d'action de la SHF, qui est également utile au traitement des dystonies généralisées et qui est par ailleurs en cours d'essai dans les troubles obsessionnels compulsifs.
Fréquence supérieure à 80-100 Hz
On se demande notamment pourquoi elle n'est efficace qu'à des fréquences supérieures à 80-100 Hz.
Deux équipes* ont cherché la réponse.
L'un des obstacles à la compréhension est dû à des signaux électriques « artefactuels » qui brouillent les enregistrements électrophysiologiques et empêchent de lire ce qui se passe au niveau des centres nerveux au moment même où la stimulation est réalisée. L'artefact électrique est supérieur au signal.
Constance Hammond (INSERM), Liliana Garcia (CNRS) et coll. ont réussi à enregistrer les effets de la stimulation haute fréquence sur une préparation in vitro de noyau subthalamique en supprimant le artefacts à l'aide d'un système électronique. Ce qui a permis de percevoir les effets propres de la SHF.
« Nous avons constaté que, pendant la stimulation, les cellules sont encore actives, à l'inverse d'une hypothèse avancée par certains scientifiques qui supposent que la stimulation inhibe l'activité électrique cellulaire », indique, au « Quotidien », Liliana Garcia.
Il se produit en outre un deuxième phénomène : les cellules présentent une activité oscillatoire commandée par le stimulus. Autrement dit, la SHF « efface » l'activité pathologique des neurones subthalamiques et la remplace par une activité induite par la stimulation.
Ces deux effets ne sont présents ensemble que pour des fréquences supérieures à 80 Hz. « Ce qui concorde avec le fait qu'au-dessous de 50 Hz, on n'observe pas d'effet thérapeutique. »
Mieux cerner les cibles thérapeutiques
C'est la première fois que l'on parvient à connaître un peu mieux ce qui se passe pendant une SHF. « Cela va permettre aux médecins de mieux cerner les cibles thérapeutiques », indique L. Garcia. Et aussi de décrypter les mécanismes sous-jacents à l'effet de la SHF, ce qui devrait aider à comprendre la maladie et le fonctionnement du réseau moteur. Le temps est maintenant venu d'enregistrer sur des neurones cibles appartenant au circuit moteur ( Globus pallidus et substance noire) sur des modèles animaux de maladie de Parkinson.
« Journal of Neuroscience », 2003 ; 23 : 8743-8751.
* Laboratoire de physiologie et de physiopathologie de la signalisation cellulaire, CNRS à Bordeaux et Institut de neurobiologie de la Méditerranée, INSERM à Marseille.
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