Une analyse des études prospectives menées dans la maladie de Parkinson montre que 25 % environ des patients atteints rapportent conjointement au trouble neurologique des épisodes d'hallucinations visuelles. Si l'on ajoute à cela toutes les formes mineures d'hallucinations ou d'illusions visuelles, la prévalence de ce type de symptômes se situe plus aux alentours de 40 %. Pour leur part, les hallucinations auditives concerneraient 10 % des Parkinsoniens et les troubles somesthésiques et tactiles seraient plus anecdotiques. Deux équipe de neurologues français (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris et du Haut-Lévêque, Pessac) rapportent dans le « Journal of Neurology » huit observations d'hallucination tactiles survenues chez des sujets atteints de Parkinson.
Sensation de cafards ou d'araignées
Les auteurs ont procédé à un examen clinique de chacun des patients afin de conformer la réalité du trouble neurologique (adéquation avec les critères cliniques de la Société britannique de la maladie de Parkinson (UKPDSBB) et un questionnaire a permis de ne se baser que sur l'analyse d'hallucinations tactiles définies par la « perception d'être touché ou de ressentir quelque chose sous la peau ».
Le premier des huit sujets, âgé de 71 ans, décrivait des sensations douloureuses en rapport avec la présence de cafards ou d'araignées remontant sur ses membres inférieurs, il rapportait aussi qu'il avait l'impression que deux femmes africaines se tenaient parfois dans son dos et qu'il pouvait ressentir leur souffle et leurs caresses au niveau du cou. Le deuxième, âgé de 77 ans, pensait que des larves circulaient sur son épaule gauche et son cou. La troisième avait l'impression que sa peau était infestée de parasites - des mites, pensait-elle. Cette sensation était accompagnée d'un prurit qui l'avait conduite à se gratter à un tel point qu'elle était couverte de lésions excoriations. Le quatrième patient, âgé de 67 ans, ressentait la présence d'araignées, de rats et de musaraignes sur ses jambes, la nuit, lorsque la lumière était éteinte. Ces sensations avaient tendance à disparaître en plein jour ou lorsque le sujet se trouvait dans une pièce éclairée. La cinquième personne, une veuve de 85 ans, croyait sentir le souffle de son mari la nuit et elle avait très peur que les médecins la considèrent comme folle si elle faisait part de ses sensations.
Sensation d'urines sur le long des jambes
Le sixième patient avait perdu dans les vingt années précédentes la vison centrale en raison d'une dégénérescence maculaire mais il pouvait distinguer des fourmis sur le sol de son habitation et sur son corps. En outre, il décrivait une impression de passer sous des toiles d'araignée. Le septième sujet pensait qu'il avait de l'urine qui coulait au niveau de son périnée et de ses jambes seulement durant la journée, jamais la nuit et uniquement lorsqu'il portait des pantalons longs. Enfin, le huitième patient, âgé de 51 ans, pensait que des rayons lasers étaient émis dans son voisinage et lorsque ces rayons se concentraient sur lui, il ressentait des brûlures et des sensations de prurit, en particulier au niveau du torse et des épaules.
Pour les auteurs, « ces différents cas avaient pour point commun de survenir plutôt le soir ou la nuit, à une fréquence élevée (plusieurs fois par semaine) mais il ne s'accompagnait d'anxiété que chez moins de 40 % des sujets ». Dans six cas sur huit, les neurologues ont procédé à des changements de traitement qui ont le plus souvent amélioré la symptomatologie. Si la cause directe de ces hallucination reste encore mal comprise, un lien avec le traitement dopaminergique est possible. Par ailleurs, la fréquence des troubles du sommeil survenant au cours des phases de sommeil rapide pourrait expliquer, du moins en partie, ce type de troubles. « Un examen systématique du sommeil pourrait permettre de mieux cerner ce type de troubles et de proposer des traitements adaptés », conluent les auteurs.
« J Neurol », (2002) 249 : 1699-1703.
Un examen systématique du sommeil
Pour les auteurs, « ces différents cas avaient pour point commun de survenir plutôt le soir ou la nuit, à une fréquence élevée (plusieurs fois par semaine) mais ils ne s'accompagnaient d'anxiété que chez moins de 40 % des sujets ». Dans six cas sur huit, les neurologues ont procédé à des changements de traitement qui ont le plus souvent amélioré la symptomatologie. Si la cause directe de ces hallucinations reste encore mal comprise, un lien avec le traitement dopaminergique est possible. Par ailleurs, la fréquence des troubles du sommeil survenant au cours des phases de sommeil rapide pourrait expliquer, du moins en partie, ce type de troubles. « Un examen systématique du sommeil pourrait permettre de mieux cerner ce type de troubles et de proposer des traitements adaptés », concluent les auteurs.
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