L'arrivée de l'infliximab dans l'arsenal thérapeutique de la maladie de Crohn (MC) a fait progresser de façon considérable la prise en charge de cette maladie chronique particulièrement délicate à traiter. L'efficacité et la sécurité d'emploi au long cours de cet anticorps monoclonal anti-TNF alpha, démontrées dans la polyarthrite rhumatoïde, n'avaient pas été établies de façon formelle dans la MC. C'est désormais chose faite depuis la publication des résultats de l'étude ACCENT 1 dans « The Lancet » en mai 2002. Cet essai, le plus important jamais conduit dans la maladie de Crohn avec un traitement dit « biologique », porte sur 573 patients atteints d'une MC modérée à sévère.
Une efficacité qui se maintient à long terme
Les 335 malades (58 %) ayant répondu à une première dose de 5 mg d'infliximab ont été répartis en trois groupes. Le premier a reçu des perfusions de placebo aux semaines 2 et 6, puis toutes les huit semaines, le deuxième a reçu le produit actif aux mêmes dates et le troisième une dose d'infliximab de 5 mg/kg aux semaines 2 et 6 ; après quoi, la posologie a été portée à 10 mg/kg jusqu'au terme de l'étude.
A la trentième semaine, 21 % des patients étaient en rémission dans le groupe I (23/110), 39 % dans le groupe II (44/113) et 45 % dans le groupe III (50/112). La durée médiane de la réponse a été de 38 semaines dans le groupe II et de plus de 54 semaines dans le groupe III, contre seulement de 19 semaines sous placebo.
Une modification des indications et des contre-indications
De plus, les patients prenant des stéroïdes ont pu réduire les doses de ces produits. Un tiers d'entre eux a même pu cesser complètement la corticothérapie tout en conservant le bénéfice clinique apporté par le traitement.
La tolérance de l'infliximab a été comparable à celle observée dans les autres études portant sur la MC ou la polyarthrite rhumatoïde. L'incidence des infections graves a notamment été comparable dans les trois groupes de traitement.
Les données sur le suivi à long terme des patients traités par infliximab ont conduit l'Agence européenne d'évaluation des médicaments (EMEA) à modifier les indications de l'infliximab dans la maladie de Crohn qui sont désormais stipulées comme suit : traitement de la MC active, sévère, chez les patients qui n'ont pas répondu, malgré un traitement approprié et bien conduit, à un corticoïde et un immunosuppresseur, ou chez lesquels un traitement par corticoïde et immunosuppresseur est contre-indiqué ou non toléré ; et traitement de la MC fistulisée, chez les patients qui n'ont pas répondu à un traitement conventionnel (comprenant antibiothérapie, drainage et thérapie immunosuppressive).
Par ailleurs, une aggravation de la symptomatologie cardiaque ayant été constatée chez des insuffisants cardiaques dans un essai américain, l'infliximab est dorénavant contre-indiqué chez les patients présentant une insuffisance cardiaque congestive modérée à sévère (classes III-IV de la NYHA).
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