Au nombre des hypothèses pouvant expliquer la survenue d'une maladie de Crohn se comptent les infections dans l'enfance. A titre d'exemple, la survenue d'une rougeole au cours de la grossesse ou tôt dans l'enfance a été suspectée.
S'appuyant sur cette théorie, des médecins danois ont eu l'idée de rechercher une relation entre le mois de naissance et la survenue de l'affection, avant l'âge de 21 ans. La saisonnalité des infections pouvant, en accord avec cette suspicion, influer sur l'apparition d'une maladie de Crohn, plusieurs années plus tard.
Henrik Toft et coll. (Aarhus, Danemark) ont utilisé le registre établi depuis 1977 dans leur pays, et qui recense la grande majorité des maladies de Crohn. Ils ont relevé les cas survenus entre 1977 et 1992, tandis que le nombre de naissances mensuelles, de 1957 à 1992, était également analysé.
Au cours de la période étudiée, 627 cas de maladie de Crohn ont été relevés, au sein de la population de moins de 21 ans. L'étude de la variation cyclique des mois de naissance de ces patients suit une sinusoïde. Le pic se situe en août et le creux de la courbe apparaît en mars, avec un ratio de 1,3 (CI 95 %, intervalle de 1,04 à 1,55). L'hypothèse de départ semble confirmée.
Contact avec un ou plusieurs agents infectieux
Les auteurs s'attendaient à une atténuation d'une quelconque saisonnalité en raison de la variation de la prévalence saisonnière d'un agent infectieux, de la sensibilité du fœtus à cet agent et d'une action des événements qui en découlent sur la susceptibilité à la maladie de Crohn et son développement. En fait, malgré cette atténuation, les données fournissent quelques éléments en faveur d'un rôle, au moins partiel, du contact avec un ou plusieurs agents infectieux dans la survenue de la maladie.
Les auteurs ont comparé leurs résultats à ceux d'une étude britannique récente (« Gut », 2000 ; 47 : 801-803). Ce travail note une légère augmentation du risque de maladie de Crohn au sein des populations nées pendant le premier semestre de l'année. De son côté, l'étude danoise trouve un ratio minimal plus élevé que celui rapporté par les Britanniques, 1,14, et surtout, montre un pic au second semestre, non au premier. H. Toft explique cette apparente contradiction par des arguments méthodologiques. Son travail, en effet, s'est focalisé sur les cas diagnostiqués précocement au cours de la vie, ce qui peut renforcer le critère de saisonnalité. En outre, le Royaume-Uni connaît une incidence de maladie de Crohn plus élevée que le Danemark. « Si les facteurs responsables diffèrent dans les deux pays, cela peut aboutir à des schémas de saisonnalité différents », concluent les auteurs.
« British Medical Journal », vol. 323, 20 octobre 2001, p. 907.
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