Et si la maladie coeliaque était déclenchée par la présence de Candida albicans dans l'intestin ? Une réponse est suggérée par l'équipe néerlandaise de W.F. Nieuwenhuizen (Zeist) dans la rubrique « Hypothèse » du « Lancet ». Leur réflexion se fonde sur les apparitions d'anticorps contre le gluten et le facteur de virulence de la levure HPW1 (Hyphal Wall Protein1) ainsi que d'autoanticorps contre la transglutaminase tissulaire et l'endomysium.
Dans certaines conditions, telles qu'un traitement antibiotique, Candida albicans peut léser la barrière épithéliale intestinale. Il s'ensuit des concentrations extracellulaires élevées de transglutaminase tissulaire dans l'intestin. L'enzyme va se lier à C. albicans et, simultanément, grâce au facteur de virulence HPW1, lier la levure à l'épithélium intestinal et à l'endomysium. La lésion intestinale va exposer au système immunitaire la levure et ses conjugués C. albicans-endomysium ou C. albicans-transglutaminase tissulaire. De plus, la levure va se comporter comme un adjuvant et activer les cellules dendritiques présentatrices d'antigène. Ces dernières vont la phagocyter et présenter les peptides et isopeptides de la transglutaminase tissulaire, de l'endomysium et de l'HPW1 aux cellules T.
Des autoanticorps
Chez les sujets de génotype HLA DQ2/DQ8, connus pour leur prédisposition à la maladie coeliaque, C. albicans peut créer une sensibilisation à la protéine HPW1 et, dans le même temps, aux alpha et gamma gliadines homologues, elles-mêmes impliquées dans la survenue de l'affection. Des autoanticorps à la transglutaminase tissulaire et à l'endomysium apparaissent.
Enfin, la transglutaminase épidermique a été identifiée en tant qu'autoantigène de la dermatite herpétiforme. Cette affection est génétiquement liée à la maladie coeliaque. Les sujets atteints souffrent d'ailleurs d'entéropathie liée au gluten. Puisque C. albicans colonise la peau et peut acquérir une transglutaminase épidermique, des autoanticorps contre cette protéine pourraient apparaître de la même manière qu'en milieu intestinal.
« Lancet », vol. 361, 21 juin 2003, pp. 2152-2154.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature