« Dans un contexte de majoration continue du nombre de fécondations in vitro (FIV), il semble important de pouvoir se prononcer sur le devenir physiopathologique des enfants afin d'en informer précisément les couples stériles », expliquent les Drs David Healy et Kerryn Saunders, dans un éditorial du « Lancet ».
L'équipe du Dr Bo Stromberg (Upsala, Suède) s'est intéressée au devenir neurologique des enfants nés d'une FIV entre 1982 - date des premières conceptions assistées - et fin 1995. Chaque sujet a été apparié pour l'âge, le sexe et l'hôpital de naissance avec deux témoins choisis dans un registre de population. Afin de limiter le biais lié aux naissances multiples, les jumeaux et naissances multiples ont été appariés avec des conceptions comparables.
Un risque d'affection majoré d'un facteur 1,7
Durant la période étudiée, 4 353 femmes ont donné naissance à 5 680 enfants (dont 2 060 jumeaux, 367 triplés et 25 quadruplés). Ces enfants ont été appariés avec un total de 15 397 témoins. « Nous nous sommes intéressés à l'incidence des troubles neurologiques dans ces deux populations », expliquent les auteurs. Pour cela, ils se sont appuyés sur l'analyse de la fréquentation des centres de suivi spécialisé dans le traitement des affections du système nerveux central et périphérique. 302 enfants, 101 nés de FIV et 201 contrôles, ont été admis dans ces différents établissements en raison de l'apparition de maladies neurologiques avant l'âge de 6 ans. Parmi eux, 59 % étaient de sexe masculin (61 FIV et 117 contrôles) et 124 de sexe féminin (40 FIV et 84 témoins). Pour le Dr Stromberg, « le risque d'affection du système nerveux est majoré d'un facteur 1,7 lorsque toutes les naissances issues de FIV sont prises en compte. L'exclusion, des naissances multiples ramènent ce chiffre à 1,4 ».
Mais le mode de conception n'influe pas de façon similaire sur l'apparition de toutes les pathologies neurologiques. Ainsi, 31 enfants nés de FIV présentaient une paralysie d'origine cérébrale contre 17 témoins, soit une majoration du risque relatif de 3,7. En ce qui concerne les retards de développement, ces chiffres s'élèvent respectivement à 22 et 11 (majoration du risque de 4). L'analyse du registre des naissances simples montre, elle aussi, une majoration du risque de paralysie cérébrale, de retard de développement et de malformations congénitales par rapport aux témoins, mais le risque relatif, dans cette population, s'abaisse de façon notable (de 2 et 2,8). Dans le groupe des jumeaux, c'est chez les témoins que le risque d'atteinte neurologique est le plus élevé. Une analyse en sous-groupe révèle que le faible poids de naissance et un âge gestationel de moins de 37 semaines influent de façon significative sur l'incidence des troubles neurologique. A l'inverse, l'âge de la mère ne semble pas jouer de rôle sur l'apparition des différentes pathologies étudiées.
Dans l'éditorial, les Drs Healy et Saunder expliquent qu' « il est impossible, au vu de l'étude, de se prononcer sur l'influence de la technique de FIV sur le développement embryonnaire et qu'on ne peut exclure un effet direct de certaines causes d'infertilité sur la maturation du système nerveux central ». En outre, ils rappellent que cette étude prend en compte différentes techniques de FIV - FIV avec cycle naturel, après stimulation, transfert de gamètes dans les trompes, transfert d'embryon frais ou congelé et injection intracytoplasmique de sperme (ICSI) - et qu'il est donc, en l'absence de données individualisées, difficile de conclure à un effet du mode de conception. Néanmoins, ils conseillent, pour limiter la prématurité et les naissances multiples, facteurs de risques indépendant de troubles neurologiques, de ne procéder qu'à des réimplantations uniques d'ovules.
« The Lancet », vol. 359, pp. 459-465, 9 février 2002.
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