Majoration personnes âgées et syndicats…

Publié le 12/10/2012
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Ce samedi matin, en descendant dans le midi pour un déménagement, j’entends en boucle à la radio, qu’un syndicat de médecins, à savoir la CSMF, propose que la consultation du généraliste concernant les personnes âgées de plus de 80 ans soit majorée de 10 euros… Bien entendu, le directeur général de la CNAM, Frédéric van Roekeghem, bien dans son rôle, juge l’idée ridicule, ou du moins irrecevable. Plus surprenant, les autres syndicats médicaux n’adhèrent pas non plus, à cette proposition, simplement parce qu’ils n’y ont pas pensé eux-mêmes. Ou par pure idéologie : il est tellement plus confortable de passer des conventions et d’attendre la manne de la Sécu, à condition d’avoir rempli le bon papier, suivi la bonne pratique ? C’est sans doute plus économique, mais au mépris total de l’intérêt même du patient (cf le scandale des génériques dont tout le monde se rend bien compte que s’ils contiennent bien le même produit actif, ils n’ont pas tous la même efficacité, sans parler des effets secondaires, sinon pourquoi la Sécu accepterait-elle que les médicaments de neurologie, la lévothyroxine et les patchs de fentanyl échappent à la substitution ?) .

J’en reste sans voix… Les mêmes bons apôtres syndicalistes acceptent, en effet, depuis des années une majoration pour l’examen des nourrissons et celui des jeunes enfants. Je n’ai pas du tout l’impression que la consultation d’un bébé ou d’un bambin de moins de 6 ans soit plus compliquée ou plus longue que l’examen d’une grand-mère insuffisante cardiaque, diabétique et parkinsonienne.

Peut-être faudrait-il supprimer totalement ces avantages tarifaires et fixer, pour tous les patients, un prix un peu plus décent, j’entends par là au moins équivalent à celui de mon plombier ou de mon ramoneur.

Mesdames et Messieurs les syndicalistes, vous vous grandiriez en ne dénigrant pas systématiquement ce que proposent vos confrères car les pouvoirs publics n’attendent que vous vous déchiriez pour nous faire avaler des pilules de plus en plus amères.

Pour conclure, je précise simplement que je ne suis pas syndiqué, comme l’immense majorité de mes collègues, et que je ne suis pas prêt de l’être !

Dr Jean-Paul Gonin, Saint-Didier-de-la-Tour (Isère)

Source : lequotidiendumedecin.fr