La résistance aux antibiotiques a un impact considérable en matière de santé publique. Une étude en vie réelle vient d’être réalisée par Sirius Consulting.
Elle s’est basée sur les données PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d’information) et a analysé les principales infections bactériennes de la peau et des tissus mous (IBPTM) en milieu hospitalier entre 2014 et 2016. Près de 350 000 patients (de 4 à plus de 80 ans) ont été concernés et hospitalisés. Environ 30 % sont arrivés aux urgences (pour les impétigos, ce taux s’élève à 70 %). Le nombre de séjours a augmenté de 5 % entre 2014 et 2016. La durée moyenne de séjour variait selon le type d’infection : 4 jours pour un impétigo, 6 jours pour une vascularite, 10 jours pour une polydermite gangréneuse et 12 jours pour un ulcère du décubitus. Plus de 10 % des patients ont fait un deuxième séjour hospitalier et 10 % ont fait 3 séjours et plus. Le coût par patient était d’environ 3 000 euros et pouvait varier de 900 euros à plus de 7 000 euros selon la pathologie. Le montant des prises en charge hospitalières pour les infections cutanées graves et des tissus mous a été estimé à 350 millions d'euros par an, soit 1 milliard d’euros sur 3 ans pour l’Assurance maladie. Ainsi, avec une incidence deux fois plus élevée que les infections urinaires et dix fois plus élevée que les pneumopathies, les infections bactériennes de la peau et des tissus mous sont un problème fréquent, de gravité variable en fonction des comorbidités du patient, de son âge et de la profondeur des tissus atteints.
Les limites actuelles de l’antibiothérapie
L’antibiorésistance remet en question la capacité à soigner ses infections, même les plus courantes que ce soit en médecine de ville ou hospitalière. À cela, plusieurs raisons dont la surconsommation et le mésusage des antibiotiques. « Les bactéries les plus fréquemment retrouvées dans le cadre des IBPTM sont les SARM et les streptocoques béta-hémolytiques (A, B, C, G) qui présentent divers degrés de résistances aux antibiotiques. L’antibiorésistance touche en moyenne un patient sur six », a souligné le Pr Éric Senneville (infectiologue, CHU de Tourcoing). Les solutions proposées actuellement pour traiter les IBPTM résistantes ne sont satisfaisantes ni sur le plan économique pour les établissements hospitaliers, ni sur le plan de la qualité de vie pour le patient. « Les médicaments antibiotiques disponibles pour traiter ces infections connaissent des limites en termes de schéma d’administration et de tolérance pour le patient du fait des effets secondaires et des modalités d’administration. La mise à disposition de nouvelles molécules antibiotiques (dalbavancine, tedizolide par exemple) pour traiter les infections cutanées graves et résistantes permet aujourd’hui d’envisager l’utilisation des traitements en ambulatoire avec des hospitalisations fortement raccourcies », a déclaré le Pr Éric Seneville. La dalbavancine permet une administration unique par voie intraveineuse d’une durée de 30 minutes avec une couverture durable sur 14 jours. Le tedizolide, quant à lui, permet une administration journalière par voie orale ou intraveineuse pendant 6 jours. Ces nouveaux antibiotiques permettent de diminuer le risque de transmission des bactéries à d’autres patients, d’éviter une hospitalisation et de diminuer ainsi les coûts.
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