La maîtrise médicalisée des dépenses prônée par la nouvelle majorité, Jean-François Mattei en tête, aurait-elle déjà du plomb dans l'aile ? L'avis éclairé de Jean-Luc Préel, député UDF de Vendée, secrétaire national chargé de la santé, est à cet égard édifiant.
Pour cet expert des questions médico-sociales, qui a multiplié les amendements lors de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) à l'Assemblée nationale en première lecture, le gouvernement ne se donne pas, en tout cas pour l'instant, les moyens de son ambition affichée. Le député émet déjà les plus grandes réserves quant à l'efficacité d'une maîtrise médicalisée qui, faute d'outils adéquats, se résumerait à une coquille vide. « Aujourd'hui, je suis inquiet, déclare Jean-Luc Préel. A juste titre, on a supprimé les sanctions collectives et les comités médicaux régionaux avec l'idée qu'il est possible d'optimiser la dépense dans le cadre d'une maîtrise médicalisée que je défends. Mais, alors que Jean-François Mattei parle d'un pari, il s'agit pour moi d'un engagement que chacun doit tenir. Sinon, on va droit dans le mur ! » Et Jean-Luc Préel enfonce le clou : pour lui, les prévisions de recettes pour 2003, assises sur une hypothèse de croissance de la masse salariale de 4,1 %, ont été « surestimées » alors que les dépenses à venir ont été « sous-estimées », notamment « sur le médicament ».
Résultat : le déficit de la branche maladie pourrait atteindre, selon Jean-Luc Préel, 10 milliards d'euros à la fin de 2003 alors que le gouvernement espère le limiter à 7 ou 8 milliards. « Il faut donc, ajoute le député, un engagement ferme et volontariste du ministre de la Santé pour se doter sans délais des moyens de mettre en place et d'évaluer cette maîtrise médicalisée ; cela passe par la mise en uvre effective du codage des actes et des pathologies et par la création d'un INSEE de la santé permettant aux responsables de disposer de données enfin objectives et irréfutables ».
Proposée par amendement en première lecture par l'UDF, cette dernière mesure a été retoquée. « Pourquoi repousser à demain ce qu'il faudrait faire aujourd'hui ? », interroge encore Jean-Luc Préel, qui redoute déjà des décisions « plus ou moins faciles à prendre » pour le gouvernement.
Cette prise de position offensive intervient alors que fait rage le débat sur l'avenir de la protection sociale à la française dans la foulée de la polémique soulevée par les déclarations de Jacques Barrot sur la répartition des risques. Et là encore, même si Jean-Luc Préel veut réaffirmer son attachement à « un système de soins solidaire », il souligne à nouveau le « vrai problème de financement » qui risque de se poser rapidement. Jean-François Mattei est prévenu.
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