P LUS de cinq ans après le plan Juppé, qui a contribué à éloigner durablement une grande partie du corps médical de la droite, le RPR s'efforce toujours de définir une politique de santé crédible et susceptible de reconquérir cet électorat traditionnel.
Empruntant à la fois au discours du Medef et de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le Dr Pierre Morange, député et secrétaire national du RPR à la santé, a profité de la journée de mobilisation des professions de santé libérales pour étriller la politique du gouvernement et esquisser les contours de ce qui sera, à l'automne 2001, le programme « santé » de l'opposition parlementaire dans la perspective des prochaines élections législatives.
« Stupidité technocratique »
Soutenant « sans réserve » la manifestation des libéraux à l'appel du Centre national des professions de santé (CNPS), Pierre Morange a fustigé une politique « comptable » qui mène « au rationnement des soins » et où la vision sanitaire est « totalement absente ». Il a dénoncé au passage « l'exercice d'autosatisfaction » d'Elisabeth Guigou lors de la présentation des comptes de la Sécurité sociale, la « tuyauterie » du financement des 35 heures et s'en est pris au système actuel de maîtrise des dépenses de médecine de ville « inefficace, contre-productif et injuste ».
A propos des lettres clés flottantes (ajustement périodique du tarif des actes médicaux et paramédicaux), Pierre Morange a même estimé qu'il s'agissait de la « quintessence de la stupidité technocratique ». Quant aux mesures sur le médicament, elles font peser « un risque » sur la recherche et l'innovation.
Sur le terrain des propositions concrètes, le secrétaire national du RPR se montre moins vigoureux. « Il faut être d'une grande modestie car le système idéal n'existe pas », résume Pierre Morange.
Comme la plupart des partis actuels, il plaide pour une régionalisation du système de santé « qui ne soit pas simplement une déconcentration ». Il condamne la « logique d'enveloppes » (entre la ville, l'hôpital, le médicament) qui ne tient pas compte des transferts de postes et propose donc la « fongibilité » budgets séparés.
Au chapitre de la maîtrise des dépenses de médecine de ville, Pierre Morange propose d'en finir avec la « philosophie collective » qui prévaut depuis... le plan Juppé. « Nous sommes favorables, précise-t-il , à un système fondé sur la responsabilité individuelle des médecins sur la base des pratiques professionnelles. » Mais, reconnaît-il, « le mécanisme est difficile à mettre en place ».
Enfin, le RPR suggère de faire voter des lois de financement de la Sécurité sociale rectificatives pour ajuster les ressources allouées par le Parlement à la santé en fonction des besoins identifiés.
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