PRATIQUE
C'est une piqûre d'insecte banale qui provoque une papule urticarienne prurigineuse ou douloureuse, de taille variable suivant l'espèce, et qui évolue en quelques heures ou quelques jours vers la régression. L'irritation secondaire ou le grattage peuvent modifier les lésions qui deviennent inflammatoires, voire surinfectées. Les réactions allergiques sont rares.
- La simulie est un minuscule moucheron (de 1 à 5 mm) formant des nuages au bord de cours d'eau et de ruisseaux. Il en existe 1 200 espèces dans le monde. Les piqûres peuvent être impressionnantes par leur nombre.
Les simulies, qui transmettent l'onchocercose, sont aussi appelées « les mouches noires ». On les rencontre dans les zones humides d'Afrique noire, d'Amérique centrale, du Yemen. La transmission des microfilaires se fait lors de la piqûre par des insectes contaminés. La maladie se déclare en un à trois ans lors de la multiplication et de la migration des filaires en particulier dans l'il. La cécité liée à cette maladie touche environ 15 millions de personnes dans le monde.
- Le taon est à l'opposé une grosse « mouche », sa piqûre est douloureuse ; des réactions anaphylactiques sont rapportées après piqûres par le taon des pluies.
- La mouche du cheval, aux Etats Unis, est une grosse mouche munie d'une pièce buccale tranchante. La piqûre est saignante et douloureuse. Elle se complique parfois de cellulite infectieuse.
- La mouche tsé-tsé, seulement africaine, entre le 15e degré de latitude nord et le 15e sud, pique en peau découverte. Le chancre d'inoculation (trypanome) est une lésion nodulaire de 4 à 10 cm de diamètre, douloureux et prurigineux. Il s'accompagne d'adénopathies satellites. Il laisse une plaque pigmentée qui peut persister plusieurs années. Ainsi, le risque est la transmission de Trypanosoma rhodesiense ou gambiense, toutes les deux responsables de la maladie du sommeil.
- Les myases furonculoïdes sont des larves de mouches qui se développent sous la peau. On distingue la myase africaine, ou ver de Cayor, et la myase américaine, ou ver macaque.
- La mouche de Cayor sévit principalement en Afrique noire. La femelle vit deux à trois semaines à l'ombre des maisons et pond des ufs deux fois par jour. Ces ufs vont arriver au stade de larve en 48 heures. Les larves, très sensibles à la chaleur (soleil, fer à repasser), peuvent cependant vivre une dizaine de jours. Elles pénètrent la peau au moindre contact et s'y développent. En huit jours, le développement de la larve se traduit par un nodule inflammatoire, violacé et douloureux qui renferme un asticot.
- Le ver macaque est transmis par une piqûre de mouche. Cette mouche vit en Amérique intertropicale, pond ses ufs sur une autre mouche qui les transmet à un animal à sang chaud au cours d'une piqûre. La larve, de grande taille, se développe beaucoup plus lentement (de 80 à 100 j). Elle respire par son extrémité caudale abouchée à la peau, au centre d'un volumineux nodule violacé.
Bien que l'ensemble de ces manifestations soient peu fréquentes et le plus souvent sans gravité, il faut rappeler quelques conseils de prudence et de prévention. Pour éviter les piqûres de ces insectes diurnes, le port de pantalon et de vêtement à manches longues protège efficacement. On peut ajouter des répulsifs sur les parties découvertes. Les produit à base de N-butyl, N-acétyl-3-éthylaminopropionate (35/35) sont bien tolérés et efficaces. L'application doit être répétée toutes les deux à trois heures en milieu extérieur.
La prévention de l'onchocercose, ou cécité des rivières, a fait l'objet depuis vingt-cinq ans d'un programme de l'organisation mondiale de la santé. L'utilisation très étendue d'insecticide, plus la prise d'ivermectine (Mectizan une fois/an) par les populations à risque est un succès. Dans les zones traitées depuis longtemps (onze pays de l'Afrique de l'Ouest), le risque d'apparition de nouveaux cas est pratiquement éliminé.
Pour éviter les myases africaines, il faut repasser le linge qui a été étendu dehors et éviter de s'allonger directement sur le sol.
L'application d'une crème corticoïde n'est pas toujours nécessaire au traitement des piqûres. On peut l'utiliser pour des piqûres douloureuses ou prurigineuses non surinfectées.
Seules les myases furonculoïdes ont un traitement particulier : application de corps gras pour asphyxier la larve, puis extraction mécanique : après une incision de la peau, la larve est attrapée avec une pince en veillant à ne pas laisser de fragments. Ils seraient responsables d'inflammation et de complications locales.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature