POUR ATTEINDRE les objectifs du programme national Nutrition Santé (Pnns)*, Xavier Bertrand veut mobiliser tous azimuts. Le Pnns 2 (2006-2111) renforce les actions locales, avec des crédits doublés en 2007 pour atteindre 8 millions d'euros (distribués par les Drass et les Urcam).
Les maires sont enrôlés dans ce combat avec la nouvelle charte des villes actives du Pnns, lancée cette semaine par le ministre avec l'Association des maires de France.
Par cette charte, les maires s'engagent à réaliser une action forte sur la nutrition par an (restauration collective, animations scolaires, promotion du sport, information, aide alimentaire aux populations défavorisées, actions sur l'offre...). La charte organise aussi un échange annuel sur les opérations menées et un site Internet permettra de retrouver les initiatives exemplaires. Six villes vont donner l'exemple, Orléans, Dijon, Orly, Beauvais, Château-Thierry et Villers-Cotterets.
Xavier Bertrand a demandé à l'Inpes (Institut national pour la prévention et l'éducation en santé) de prévoir des outils de communications personnalisables pour les municipalités. Cela commencera en avril avec des affiches, des dépliants, des documents pour relayer la campagne sur l'activité physique.
Moins de sucre, de sel, d'acides gras trans...
Autre levier important pour le ministre : les acteurs économiques. Il demande aux entreprises de fabriquer des produits mieux composés et veut faire du critère nutritionnel un critère indispensable de l'alimentaire. Un comité d'experts présidé par Christian Babusiaux a mis au point un référentiel et neuf entreprises de la distribution, de l'agroalimentaire et de la restauration collective ont pris des engagements sur cette base, ainsi que la collective du frais (Syndifrais). Auchan prévoit, par exemple, de revoir la recette de 100 produits à marque propre par an, de n'utiliser pour ses pains que de la farine de type 80, plus riche nutritionnellement, et moins de sel, et de former ses personnels à la nutrition. Ferrero réduira de 1 000 tonnes par an, sur quatre ans, son recours aux sucres simples et, comme il l'avait déjà annoncé, ne fera plus de publicité à destination des enfants. Casino rendra plus attractifs et plus accessibles ses rayons de fruits et de légumes et distribuera un guide nutrition, McDonald's réduira à la portion congrue les acides gras trans dans ses huiles, Coca-Cola diminuera la teneur moyenne en sucres de ses boissons dans les cinq prochaines années... Ces deux dernières entreprises s'engagent également à ne plus faire de publicité dans les programmes télévisés destinés aux enfants. Et encore Danone avec sa marque Taillefine, Unilever, Monoprix, Carrefour.
Si les engagements portent principalement sur les produits manufacturés, Xavier Bertrand a tenu à rappeler «la très grande importance» des produits bruts. Le ministère de l'Agriculture travaille actuellement à la valorisation nutritionnelle de ces produits.
La mobilisation des entreprises passe aussi par les messages sanitaires qui doivent désormais accompagner les publicités alimentaires. Mais, déjà, les associations de consommateurs manifestent leur scepticisme (voir encadré).
* Le Pnns 2 a notamment pour ambition de réduire de 20 % la prévalence du surpoids, de 25 % le nombre de petits consommateurs de fruits et de légumes, de 5 % la cholestérolémie moyenne.
C'est parti pour les messages sanitaires
L'insertion de messages sanitaires dans les publicités alimentaires, quels que soient leurs supports (écrit, télé, radio, Internet...), est désormais obligatoire. Quatre textes, qui reprennent les messages du Pnns, seront présentés en alternance : «Pour votre santé...», indiquent-ils, «mangez au moins cinq fruits et légumes par jour», «pratiquez une activité physique régulière», «évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé», «évitez de grignoter entre les repas». Les entreprises qui dérogeraient à la règle devraient s'acquitter d'une taxe de 1,5 % du montant de leurs investissements publicitaires.
Prévue par la loi de santé publique d'août 2004, la mesure est jugée très insuffisante par l'UFC-Que Choisir, qui la qualifie de «dilatoire». L'organisation de défense des consommateurs a testé l'impact d'un tel message, introduit dans un spot télévisé modifié pour l'occasion et diffusé auprès de plus de 700 personnes. Près d'un consommateur sur deux ne voit pas le message et 91 % des personnes sont dans l'incapacité d'identifier que le produit alimentaire présenté en même temps dans la publicité est déséquilibré. L'analyse de 285 spots publicitaires diffusés sur cinq chaînes nationales lors des programmes pour enfants montre en outre «que les règles édictées par le BVP (bureau de vérification de la publicité) n'ont en réalité aucun impact concret sur les pratiques des professionnels» : selon l'UFC, le BVP agrée 89 % de spots faisant la promotion de produits trop gras ou trop sucrés et laisse passer des publicités qui favorisent le grignotage ou exagère les bénéfices que l'on peut attendre des produits.
L'UFC-Que Choisir demande, comme l'ont fait l'Inserm et l'Afssa (Agence de sécurité sanitaire des aliments) et comme l'ont institué la Grande-Bretagne ou la Suède, que la diffusion des publicités pour les produits trop riches en matières grasses, en sucre ou en sel soit restreinte lors des programmes pour enfants.
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