Depuis les années 1950, on a constaté un amaigrissement spontané en haute montagne. Et, bientôt, on verra apparaître des caissons d’hypoxie installées dans des salles de fitness françaises, destinés à la perte de poids. Mais les études sur l’amaigrissement par une mise sous hypoxie débutent à peine : la première date de 2008, suivie de deux autres, publiées en 2010. Une expérience en altitude réelle (2 650 m) a été menée parmi des personnes obèses (IMC moyen de 33,7 kg/m2) (1). Pendant 7 jours, les sujets disposaient d’une alimentation à volonté avec la consigne de ne pratiquer aucun exercice. La prise énergétique a spontanément diminué, passant d’environ
3 000 à 2 400 kcal/j dès le début et durant toute la semaine. Le métabolisme de base était augmenté en altitude ; il est revenu à la normale au retour à l’altitude de départ (530 m). « Mais après l’essai, en une semaine, le poids revient à la normale », relate le Dr Didier Chapelot, spécialiste de l’hypoxie (Equipe Physiologie du Comportement Alimentaire, Paris XIII). « La perte de poids est liée à la réduction de la prise énergétique malgré l’augmentation du métabolisme de base (qui au contraire devrait inciter à manger plus) induit par le manque relatif d’oxygène. De plus, la leptine était plus élevée par unité de poids », poursuit le chercheur.
Une perte de masse grasse surtout
La toute première étude menée en altitude simulée (2) a comparé spécifiquement des séances d’exercice physique (1 h 30 d’exercice modéré à 60 % de la VO2max, 3 fois /semaine) d’une part en altitude simulée (2 500 m) et, d’autre part, dans des conditions placebo, chez des sujets en surpoids ou obèses (IMC›27 kg/m2, 16 femmes et 4 hommes). « Les résultats sont modestes mais la perte pondérale – de 1,5kg en moyenne après 8 semaines – a uniquement été constatée dans le groupe sous hypoxie (-1,03 vs 0,03 kg, p=0,026), précise-t-il. Une seconde étude (3) a comparé un entraînement en normoxie versus hypoxie (2 740 m d’altitude simulée) pendant 4 semaines chez 27 femmes et 18 hommes sédentaires en surpoids ou obèses : 1h d’exercice physique 3 fois / semaine, à une fréquence cardiaque de 65 % de la VO2max. « Les résultats sont décevants sur la perte de poids, qui est comparable dans les deux groupes : de 1,5 kg en moyenne, constate le chercheur. En revanche, le tour de taille a significativement diminué grâce à l’hypoxie. De plus, la masse maigre a augmenté dans le groupe hypoxie et la perte de masse grasse est d’environ 6 % contre 1 à 2 % dans le groupe normoxie ». Ces quelques indices, issus d’une poignée d’essais de faible puissance et dont les protocoles méritent d’être perfectionnés, devraient limiter les ardeurs.
(2) Netzer et al Sleep Breath 2008; 12: 129-134.
(3) Wisner et al, Obesity 2010; 18(1) : 116-20.
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