Depuis les années 50, on a constaté un amaigrissement spontané en haute montagne. Et bientôt, on devrait voir apparaître des caissons d’hypoxie installés dans des salles de fitness françaises, visant à perdre du poids. Mais les études sur l’amaigrissement par une mise sous hypoxie débutent à peine, la première date de 2008, suivie de deux autres, publiées en 2010. Une expérience en altitude réelle (2650 m) a été menée parmi des personnes obèses (IMC moyen de 33,7 kg/m2) (1). Pendant 7 jours, ils disposaient d’une alimentation à volonté avec la consigne de ne pratiquer aucun exercice. La prise énergétique a spontanément diminué, passant d’environ 3000 à 2400 kcal/j dès le début et durant toute la semaine. Le métabolisme de base était augmenté en altitude ; il est revenu à la normale au retour à l’altitude de départ (530 m). "Mais après l’essai, en une semaine le poids revient à la normale", explique le Dr Didier Chapelot, (directeur du laboratoire des réponses cellulaires et fonctionnelles à l’hypoxie, Université Paris XIII), lors des Journées de la Nutrition appliquée la santé, (JONAS, 17-18 juin 2011, Paris). "La perte de poids est liée à la réduction de la prise énergétique malgré l’augmentation du métabolisme de base (qui au contraire devrait inciter à manger plus) induit par le manque relatif d’oxygène. De plus, la leptine était plus élevée par unité de poids », conclut le chercheur.
Une perte de masse grasse surtout
La toute première étude menée en altitude simulée (2) a comparé spécifiquement des séances d’exercice physique (1h30 d’exercice modéré à 60% de la VO2max, 3 fois /semaine) d’une part en altitude simulée (2500m) et d’autre part dans des conditions placebo, chez des sujets en surpoids ou obèses (IMC›27 kg/m2, 16 femmes, 4 hommes). « Les résultats sont modestes mais la perte pondérale -de 1,5kg en moyenne après 8 semaines- a uniquement été constatée dans le groupe sous hypoxie (-1,03 vs 0,03 kg, p=0,026), précise-t-il. Une seconde étude (3) a comparé un entraînement en normoxie versus hypoxie (2740m d’altitude simulée) pendant 4 semaines chez 27 femmes et 18 hommes sédentaires en surpoids ou obèses : 1h d’exercice physique 3 fois / semaine, à une fréquence cardiaque de 65% de la VO2max. « Les résultats sont décevants sur la perte de poids, qui est comparable dans les deux groupes : de 1,5 kg en moyenne, constate le chercheur. En revanche, le tour de taille a significativement diminué grâce à l’hypoxie. De plus, la masse maigre a augmenté dans le groupe hypoxie et la perte de masse grasse est d’environ 6% contre 1 à 2% dans le groupe normoxie ». Ces quelques indices issus d’une poignée d’essais, de faible puissance et dont les protocoles méritent d’être perfectionnés, devraient limiter les ardeurs.
(2) Netzer et al Sleep Breath 2008; 12: 129-134
(3) Wisner et al, Obesity 2010; 18(1) : 116-20
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