ON SE DOUTE bien que l'action d'« OEdipe » dans sa version tragédie lyrique en quatre actes sur un livret assez ampoulé d'Edmond Fleg, n'est pas de celles qui attire les mises en scènes spectaculaires. Celle conçue par Nicolas Joel, réalisée par Stéphane Roche sur la scène capitolienne, privilégie l'aspect antique, avec son choeur placé en amphithéâtre et une allure plutôt hiératique des personnages, nombreux dans cette oeuvre, afin de favoriser la compréhension de leurs interventions. C'est ainsi que beaucoup de mélomanes ont pu découvrir l'oeuvre à Toulouse, dans une scénographie élégante d'Ezio Frigerio, la déception relative venant des costumes gris assez monotones et uniformisants de Franca Squarciapino. Le didactique l'a emporté sur le spectaculaire, à l'exception de la scène de la Sphinge, elle, franchement théâtrale, et qui s'en plaindrait ?
On avait réuni une distribution au niveau de la qualité de l'oeuvre et apte à rendre justice au texte français de Fleg, malgré ses redondances et son archaïsme.
Les compliments au chef.
Quatorze chanteurs, pas moins, à la tête desquels Sylvie Brunet, noble Jocaste, et aussi la Sphinge terrifiante de Marie Nicole Lemieux. Franck Ferrari dans l'écrasant rôle-titre manque un peu de noblesse dans le phrasé, mais il se tire très bien de cette prosodie redoutable et donne à entendre magnifiquement notre langue. Splendides aussi le Tirésias d'Arutjun Kotchinian, le Créon de Vincent le Texier, le Berger d'Emiliano Gonzalez Toro, le Veilleur de Jérôme Varnier, toute une galerie de rôles secondaires magnifiquement caractérisés.
Mais il faut réserver les compliments superlatifs au chef Pinchas Steinberg – qui, sortant de son répertoire de prédilection à Toulouse, les opéras de Wagner et Strauss – a réalisé un travail remarquable avec l'Orchestre du Capitole comme avec les Choeur et la Maîtrise du Capitole et le Choeur de l'Opéra de Bordeaux qui y avait joint ses forces. La partition est redoutable à mettre en place et on a pu l'entendre dans sa splendeur autant orchestrale que chorale comme elle n'a probablement jamais été défendue.
Réalisée en coproduction avec le Festival Enescu de Bucarest, où elle sera présentée en septembre prochain, cette nouvelle production a certainement sa place dans les bagages de Nicolas Joel lorsqu'il s'installera à la tête de l'Opéra de Paris l'an prochain.
Théâtre du Capitole de Toulouse (05.61.63.13.13 et www.theatre-du-capitole.org). Diffusion sur France Musique le 25 octobre, à 19 heures. Prochain spectacle « les Noces de Figaro » du 21 au 30 novembre, mise en scène de Marco Aruro Marelli, direction Marco Armilato.
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