PARIS A DÉCOUVERT Matthew Bourne en 2005 à Mogador, avec son « Swan Lake », version très masculine du « Lac des Cygnes », avec dix ans de retard… Le chorégraphe britannique et sa troupe Adventures in Motion Pictures, rebaptisée en 2002 New Adventures, avaient commencé dès 1987 à pasticher les grands classiques du répertoire. « Highland Flights », qui brocardait « la Sylphide » et a précédé de peu son « Lac » aux cygnes mâles et noirs, en est un des meilleurs exemples. Tout ce qui a suivi jusqu'à cet « Edward aux mains d'argent » en 2005 n'a jamais été aussi inspiré et son « Dorian Gray », actuellement à l'affiche du Sadler's Wells Theater à Londres, est très décrié pour ses excès. Néanmoins, le succès va croissant et Bourne remplit deux fois par an à Noël et à Pâques ce théâtre londonien pendant plusieurs semaines.
« Edward », qui traite du difficile rapport au monde du garçon doté en guise de mains de multiples solides paires de ciseaux, et au travers de cette allégorie de la marginalité et de la différence, a été un enchantement par la caméra de Tim Burton, grâce à l'immense talent de Johnny Depp que le grand public découvrait à cette occasion. La gageure d'en faire une chorégraphie, même avec l'assentiment de Burton et sur la musique magique de Danny Elfman, était immense. Bourne a réussi là un des meilleurs coups de sa carrière de chorégraphe.
Fidèle au film.
Croquer aussi bien qu'à l'écran toute cette société suburbaine américaine des années soixante et surtout réussir à rendre un danseur, race extravertie par excellence, gauche, maladroit et aussi habile à danser malgré le handicap défini est un exploit. Prologue et épilogue sont des ajouts personnels de Bourne pour rendre l'histoire un peu plus chorégraphiable, mais le reste est d'une fidélité exemplaire au film, avec tout de même des réminiscences dans l'art de la pantomime de l'époque du cinéma muet.
Deux distributions de danseurs alternent et l'Edward que nous avons vu dansé par Dominic North est émouvant, attachant et parfait en toutes situations.
Les décors et costumes de Lez Brotherston, juste assez décalés pour paraître à la frontière du réel et du rêve. L'orchestre dirigé par Benjamin Pope rendait justice à la belle musique d'Elfman. Un spectacle pour absolument tous publics qui en deux heures vous fait faire un voyage inoubliable au pays de l'enfance et du féérique.
Châtelet (01.40.28.28.40 et www.chatelet-theatre.com), jusqu'au 2 novembre. Prix des places : de 10 à 105 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature