Le titre ne ment pas. Il y a bien un scorpion de jade et un sortilège. Qui s'abat sur un enquêteur de compagnie d'assurances à la fois malin, macho et minable. Nous sommes à New York en 1940 et si l'on évoque le type à la petite moustache qui sévit, très loin de là, en Europe, c'est pour faire une bonne plaisanterie. Car cet univers ressuscité au son du jazz, c'est celui d'un monde artificiel. Celui de la mémoire d'un réalisateur de 65 ans qui a grandi, comme ses inconditionnels le savent, dans ces années où le cinéma était encore magique.
Pour convaincre la belle Charlize Theron, qu'il avait déjà enrôlée dans « Celebrity », d'être de l'aventure, il s'est contenté de lui dire : « J'ai écrit un rôle pour toi. C'est un film qui se passe dans les années quarante. Si je l'avais tourné à cette époque, j'aurais pris Lauren Bacall ». Et sa brève apparence en femme fatale au déshabillé aussi langoureux que la mèche blonde, est à l'unisson de ce film qui jongle avec les références cinématographiques et culturelles de l'époque.
Que cela ne fasse surtout pas peur aux moins de 60 ans, même s'ils n'ont pas été bercés par la mythologie hollywoodienne. Car le scénario plein de rebondissements et les bons mots qui émaillent les répliques suffisent à un plaisir qui peut être pris au premier de gré ou au énième, au choix. Le tout est d'avoir gardé un peu de son âme d'enfant, prêt à croire le plus invraisemblable.
Woody Allen prétend qu'il aurait pris pour acteur principal Tom Cruise ou Tom Hanks si l'un ou l'autre avait été disponible. Mais nul doute qu'il s'amuse comme un petit fou à incarner ce nommé C.W. Briggs (en référence à un héros très maladroit de série télévisée britannique ?), un supposé misogyne toujours confronté à des femmes plus grandes que lui. Il joue les pantins hypnotisés comme les enfants, justement, quand ils « font semblant » et fait jouer de même ses comparses. Helen Hunt, nouvelle venue dans l'univers allenien, sait mêler son personnage habituel de femme de tête sûre d'elle et celui d'héroïne comique à l'ancienne.
« Le Sortilège... » est une comédie pure, dans laquelle il ne faut pas chercher de significations cachées. A prendre comme telle, pour le plaisir du sortilège.
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