De notre correspondante
Lors de la présentation de ces nouvelles structures, le maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, a fortement souligné que, si la ville s'engageait dans ce projet, c'était d'abord « dans un souci de complémentarité entre les secteurs libéral et hospitalier ».
En d'autres termes, les maisons médicales de garde (MMG) lyonnaises devront renforcer la coordination et améliorer la permanence des soins. En filigrane, l'objectif reste aussi de désengorger les services d'urgence par la mise en uvre d'une « synergie entre les acteurs de santé », a précisé Gérard Collomb. Pour les nombreux partenaires et promoteurs rhônalpins (1) de ce projet, il était devenu urgent de régler ces questions, par ailleurs liées à la désaffection de la garde par les généralistes.
Après deux années d'étude, les MMG implantées dans les 6e et 8e arrondissements de Lyon entrent donc en phase opérationnelle, et celles situées dans les 5e et 9e le feront très prochainement. Leur fonctionnement est calqué sur les autres structures de ce type : elles sont accessibles en semaine de 19 h à minuit, le samedi de 12 heures à minuit, le dimanche et les jours fériés de 10 heures à minuit. Un ou deux médecins assureront les consultations au cours de ces horaires, et bénéficieront pour cela d'un forfait permanence.
Régulation
Toutefois, l'intérêt du projet lyonnais se situe surtout dans l'accès aux MMG qui se fera par le biais d'une régulation et la mise à disposition d'un numéro d'appel unique (2). Le Dr Philippe Dutey, président de l'association chargée de gérer et d'harmoniser le fonctionnement de ces quatre maisons, explique que tout appel à ce numéro « sera reçu par un médecin régulateur libéral, payé par l'association, qui orientera le demandeur sur l'une des MMG, ou tout autre service, notamment hospitalier, s'il le juge nécessaire ». Cette régulation sera accueillie dans les locaux du centre 15 des Hospices civils de Lyon (HCL) qui mettront du matériel et un permanencier à disposition. Ce qui revient, d'une certaine manière, à effectuer une petite marche arrière vers le dispositif mis en place par l'association des médecins de garde du Rhône - dissoute en mai 2000 - avant qu'un différend ne l'oppose au centre 15 et perturbe durablement le planning des gardes à Lyon. Aujourd'hui, et c'est une autre originalité de ce projet, le régulateur pourra également disposer d'un « médecin volant » pour assurer les quelques visites à domicile, jugées « inévitables ».
Du côté des financements, la ville engage 208 000 euros pour l'aménagement des locaux et prévoit une subvention annuelle de 15 000 euros par maison pour la prise en charge des loyers et des fluides. Mais c'est l'union régionale des caisses d'assurance-maladie (URCAM) Rhône-Alpes qui, via le Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (FAQSV), apporte la plus grosse enveloppe, avec 707 000 euros pour la première année.
Des services d'urgences déchargés
Un engagement qui confirme l'existence « d'une politique de l'assurance-maladie très volontariste », a souligné Michel Morel, président de l'URCAM. M. Morel a rappelé que les instances nationales avaient recommandé d'expérimenter une seule MMG. Or, dans le Rhône, en comptant les maisons lyonnaises, celle de Villefranche-sur-Saône, ouverte au début de novembre, et celle de Vénissieux, qui a une année d'existence, leur nombre s'élève déjà à six. Dans une récente enquête, l'URCAM Rhône-Alpes avait révélé que 24 % des patients qui avaient consulté dans un service d'urgences hospitalières, en ressortaient à l'issue d'une simple consultation médicale et sans aucune prescription d'examens complémentaires. Or l'évaluation du fonctionnement de la MMG de Vénissieux met en relief « une décharge de 20 % de l'UPATOU (unité de proximité d'accueil, de traitement et d'orientation des urgences) avec laquelle (elle) travaille », indique le Dr Pascal Dureau, généraliste à Vénissieux. Ce résultat semblerait donc, à lui seul, justifier le concept. Quant aux généralistes qui y travaillent, ils disent avoir repris goût à la garde.
(1) Union régionale des caisses d'assurance-maladie (URCAM) de Rhône-Alpes, Ville de Lyon, conseil départemental de l'Ordre, Hospices civils de Lyon (HCL), Etat, conseil général du Rhône et Union professionnelle des médecins libéraux (UPML).
(2) Tél. 04.72.33.00.33.
Une campagne sur la fièvre de l'enfant
Les urgences pédiatriques ont également besoin d'être « désengorgées ». C'est dans cet objectif que l'association Courlygones, créée en 2002 et animée par des praticiens libéraux et hospitaliers de la Communauté urbaine de Lyon (la « Courly »), lance ce mois-ci une vaste campagne de communication sur le thème de la fièvre. Une enquête réalisée par ses soins a confirmé que l'hyperthermie chez l'enfant était le premier motif de consultation dans les services d'urgences. Courlygône s'est donc associée à l'UPML, l'URCAM et aux HCL pour lancer « une campagne d'éducation pour les parents, sur la conduite à tenir devant une fièvre chez l'enfant ».
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