DE NOTRE CORRESPONDANTE
«LA TENDANCE scientifique et médicale actuelle serait de vouloir régler tous les problèmes avec des molécules. A Lyon, la position de la Maison des adolescents ne sera pas celle-ci: notre option est clairement humaniste.» En deux phrases, le Dr Kostas Nassikas, responsable médical de la nouvelle structure et, par ailleurs, psychiatre à la Mutualité du Rhône, plante le décor. Depuis 1995, il avait déjà plus ou moins formalisé un accueil spécifique pour adolescents au dispensaire Sévigné à Lyon, lorsque ce dernier était encore géré par la Mutualité. Il avait même réalisé un tour de force en obtenant que la direction départementale de l'action sanitaire et sociale (Ddass) rémunère une éducatrice et le temps de réunion des généralistes du quartier, impliqués dans cet accueil. C'est en 1995 également qu'un rapport de l'Inserm révélait que presque tous les adolescents ayant fait une tentative de suicide avaient consulté un généraliste pour un banal problème de santé dans les quinze jours précédant l'acte. Il est vrai que «l'adolescent ne manifeste pas grand-chose devant le médecin, observe le Dr Nassikas ; la plupart du temps, et sans en avoir conscience, c'est par son corps que les tensions, les souffrances et les difficultés se manifestent. Les généralistes ont donc tendance à les traiter comme des malades».
Ces difficultés vont souvent se répercuter sur les familles qui basculent à leur tour dans la souffrance. D'où la nécessité de proposer un accueil pluridisciplinaire offrant des réponses médicales classiques, mais également psychologiques, avec une possibilité d'entretiens familiaux, ainsi que des activités de groupe de type artistique, lesquelles autorisent un autre mode d'expression des émotions.
Lente gestation.
Depuis 1997, date de création d'une première Maison des adolescents au Havre, d'autres structures de ce type ont vu le jour en France. D'autant qu'à l'occasion de la conférence interministérielle de la famille, en 2004, la défenseure des enfants, Claire Brisset, avait plaidé pour leur développement. Si, grâce à des appuis politiques et médiatiques non négligeables, certaines ont rapidement vu le jour, comme la Maison de Solenn, à Paris, le projet lyonnais, dont la première mouture remonte pourtant à 2004, aura eu une gestation plus difficile.
D'autant plus difficile que ce dossier rassemble de nombreux partenaires, dont certains n'ont visiblement pas apprécié que la Mutualité en devienne le maître d'oeuvre. Le conseil général du Rhône, pour sa part, a longtemps tergiversé, jugeant le volet socio-éducatif trop peu développé, avant de décider, finalement, de participer. «A terme, nous développerons également un pôle de cette maison dans le nord du département, à Villefranche-sur-Saône, et un autre dans le sud, à Givors», indique le Dr Nassikas, qui souligne ici l'ambition départementale du projet. Dotée d'un budget de 1 million d'euros*, qui fait un peu pâle figure à côté des 25 millions de la Maison de Solenn, la structure lyonnaise** ouvrira ses portes de 16 heures à 20 heures, dans un premier temps. «Mais lorsque nous tournerons à plein régime, nous aimerions ouvrir de 9heures à 21heures, sept jours sur sept», ajoute le psychiatre. En parallèle, cette structure entend développer une réflexion scientifique sur l'adolescence, notamment par des formations, dont la première est d'ores et déjà programmée le 28 septembre à Lyon.
* Apporté par l'Etat, le département, l'assurance-maladie et la Mutualité.
** 10, rue de Sévigné, 69003 Lyon. http://www.mutualite-francaise-rhone.fr/.
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