L ES trois syndicats de médecins libéraux qui adhèrent au centre départemental des professions de santé (CDPS), organisent mardi soir 12 juin, à partir de 20 heures, un pique-nique géant sur la place Bellecour, la plus grande des places publiques au cœur du centre-ville, auquel ils ont convié les députés et sénateurs du Rhône, dont le maire de Lyon lui-même, Gérard Collomb, sénateur socialiste, et le député Jean-Michel Dubernard (RPR), lui-même professeur de médecine.
L'espoir du CDPS du Rhône, dont de nombreux membres souhaitaient organiser des opérations de protestation sur le plan local pour prolonger la manifestation parisienne, est d'ouvrir un débat public sur la politique de santé avec six questions qui seront posées directement aux élus et qui tournent autour du budget de la santé et de sa gestion. « Nous espérons un bon millier de personnes, toutes professions médicales confondues, explique le chirurgien-dentiste Paul Flandin, président du CDPS du Rhône, dont beaucoup nous rejoindront à leur descente des TGV au retour de leur journée de manifestation à Paris. C'est notre façon à nous de préparer le Grenelle de la santé dont le système de santé a impérativement besoin. »
Mais beaucoup de professionnels de santé et de médecins feront également le déplacement de Paris. C'est le cas du Dr Vincent Libourel, généraliste (Ecully, Rhône). « Je vais à la manifestation nationale du CNPS à Paris le 12 juin, dit-il, parce que j'en ai assez que les médecins soient de plus en plus fréquemment considérés comme des professionnels malhonnêtes, et surtout qu'ils soient tenus pour responsables de tous les maux du système. Je suis décidé à faire ce déplacement depuis Lyon pour exprimer mon opposition à ce que je considère comme une politique d'étatisation progressive du système : nous assistons depuis plusieurs années à la mort programmée de la médecine libérale à coups de décrets, textes réglementaires et autres circulaires encadrant la profession. Toute cette politique administrative et tatillonne va à l'encontre de la seule chose qui devrait compter aux yeux de tous les acteurs, la qualité des soins. En manifestant le 12 juin, je veux exprimer concrètement mon opposition à une politique de santé dirigée par des fonctionnaires qui, par exemple, n'ont pas vu venir les problèmes de démographie médicale, alors que dans le même temps le "Journal officiel" nous apprend que cent cinquante trois médecins étrangers d'origine non européenne viennent d'obtenir la validation de leur diplôme et sont donc désormais libres d'exercer sur le marché français et que, dans le même temps, des centaines d'excellents étudiants français ont été recalés, parfois pour un demi-point. »
Le Dr Philippe Malcour, chirurgien à orientation gynécologique (Lyon), en a assez « que les médecins soient considérés comme des boucs émissaires ».
« C'est pour cela, dit-il, que je prends ma journée pour aller manifester à Paris. » Il serait temps que nous soyons « enfin considérés à nouveau avec respect, et que cesse le climat permanent de suspicion que nous connaissons. J'ai aussi décidé d'aller à cette manifestation parce qu'il y en a assez du statu quo, d'un immobilisme qui n'arrange ni les professionnels, ni les caisses, ni les patients : il faut que cela bouge. Chirurgien spécialisé, je suis un peu patron de PME puisque je dirige en réalité une micro-entreprise. Or j'ai une qualification de l'ordre de bac + 15, et j'estime qu'il n'est pas normal que nos revenus baissent régulièrement depuis quelques années, essentiellement en raison de la hausse constante des charges. Ce qui, du coup, nous entraîne dans une constante surcharge de travail.
Même si beaucoup d'entre nous sont sceptiques quant à l'impact de cette journée et sur notre capacité à peser sur les choix gouvernementaux, la manifestation du 12 juin est clairement destinée à mettre la pression sur le gouvernement. Pour qu'enfin de réelles et rapides négociations s'engagent avec les professionnels, afin de réformer en profondeur le système ».
Le Dr Christian Prat, généraliste (Thurins, Rhône), va à la manifestation du CNPS parce que, insiste-t-il, « j'en ai assez de la politique de maîtrise comptable qui est appliquée par ce gouvernement et qui est concoctée par des administratifs qui ne connaissent rien à la réalité du terrain. Cette journée est importante parce que les professionnels de santé pourront dire clairement leur opposition à cette gestion uniquement financière qui leur est imposée, et leur désir d'une vision plus médicalisée des solutions possibles. Notre système de santé n'est pas géré, votre journal en fournit la preuve tous les jours. Ne serait-ce que sur la question de la démographie, nous manquons de certaines spécialités médicales, d'infirmières, et même de vétérinaires. Nous ne sommes pas des moutons de Panurge, nous avons des solutions à proposer, nous voulons être entendus : voilà pourquoi je prendrai le TGV mardi matin ».
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