Dix-huit voix contre, quatorze pour, une abstention : le budget prévisionnel 2002 du deuxième CHU de France, les Hospices civils de Lyon, d'un montant de 1,119 milliard d'euros, a été rejeté par le conseil d'administration.
A la suite d'une alliance ponctuelle et inhabituelle entre les délégués syndicaux CGT, CFDT, FO et Sud représentant le personnel, les élus de droite et les huit représentants du corps médical, le conseil d'administration a infligé à Gérard Collomb, le maire socialiste de Lyon, le premier revers sérieux depuis son arrivée à la tête de la municipalité en mars dernier, lui demandant de « revoir sa copie ».
Même si le conseil d'administration a été de tout temps le théâtre d'affrontements politiciens droite-gauche, voire parfois de querelles interminables entre les différentes factions de la droite locale, ce vote de rejet constitue, de mémoire d'administrateur, une première dans l'histoire des hôpitaux lyonnais. Le maire a aussitôt réagi en annonçant une « concertation tous azimuts dans les prochains jours avec les représentants du personnel, puis une discussion avec le ministère », afin de présenter « d'ici à un mois » un nouveau projet de budget.
Que s'est-il passé lors du dernier conseil pour qu'une alliance aussi inhabituelle puisse émerger ? S'agit-il d'une fronde politicienne des élus de l'opposition, qui ont mêlé pour l'occasion leurs voix à celles des syndicalistes ? D'une manifestation de ras-le-bol des représentants des médecins, sachant que, pour la première fois là encore, la commission médicale d'établissement du CHU avait, avant le conseil, refusé elle aussi le projet de budget de l'administration ? Ou bien ce geste de mauvaise humeur traduit-il plus profondément l'énervement, la fatigue et le désarroi d'une communauté de travail soumise à de multiples contraintes ? Sans doute un peu de tout cela. Avant le conseil, la CFDT avait en vain demandé au maire une négociation pour la création d'environ cent soixante emplois. Le syndicat FO, de son côté, reproche au budget 2002 de « ne pas prendre en compte les 35 heures », et à l'administration d'avoir « supprimé le jour de la fête des Mères dans les congés ». Quant à la CGT, elle dénonce l' « aggravation des conditions de travail ».
Au nom des médecins des Hospices civils, le Pr Etienne Tissot, président de la CME du CHU, juge infondée toute interprétation politique de ce vote qui, selon lui, ne serait dirigé ni contre le maire PS Gérard Collomb, ni contre François Grateau, le directeur des Hôpitaux de Lyon. « Il y a des mois que les médecins, toutes opinions politiques confondues, expriment leur inquiétude et attendent de l'Etat un geste fort en faveur du CHU, dans un contexte de discussion sur les 35 heures qui s'ajoute aux interrogations sur l'avenir », commente-t-il.
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