De notre correspondante
Projet « exemplaire » pour Générale de Santé, l'hôpital Jean-Mermoz, dont le chantier avait démarré en juin 2000, n'a cessé de prendre du retard, avant de subir un coup d'arrêt brutal en septembre 2002. En effet, l'entreprise de travaux publics STGD, maître d'œuvre, avait honoré son contrat à hauteur de 75 %, lorsqu'elle a été mise en redressement judiciaire à la fin de septembre 2002. En outre, un certain nombre de malfaçons, portant notamment sur la solidité et la stabilité de l'ouvrage, avaient été identifiées, dès le printemps 2002 pour certaines d'entre elles. « Ce type d'alerte est fréquent, et ce n'était pas une raison suffisante pour arrêter les travaux », estime Antoine Boulay, chargé de la communication sur ce dossier par Générale de Santé. Situé dans le 8e arrondissement de Lyon, ce futur établissement devrait regrouper trois cliniques lyonnaises appartenant à ce groupe, à savoir Jeanne-d'Arc, Sainte-Anne-Lumière et Saint-Jean. D'ailleurs, malgré ces « déconvenues », le groupe avait maintenu une visite du chantier destinée à la presse et à l'ensemble du personnel, en octobre 2002, et annoncé l'ouverture pour fin 2003-début 2004...
Rupture de contrat
A cette même période, le groupe avait pourtant décidé de résilier le contrat avec STGD. Cette entreprise, qui n'entend pas assumer l'ensemble des responsabilités des malfaçons découvertes sur ce chantier, a très rapidement intenté une action en justice, réclamant plus de 2 millions d'euros à Générale de Santé. Pour quel motif ? « Le projet (architectural) a été établi avec précipitation, et n'avait pas de caractère fini lorsqu'il a été lancé », argumente Michel Moatti, avocat de la société STGD, qui dénonce « un manque de suivi de la part de la maîtrise d'œuvre. » Générale de Santé s'est tournée vers le tribunal de grande instance de Lyon, lequel a ordonné une expertise. « C'est un projet ambitieux, reconnaît Antoine Boulay, mais on ne peut pas dire que la conception était mal montée. » Le rapport intermédiaire rendu par l'architecte et expert judiciaire lyonnais Henri Duc-Dodon signale pourtant un problème de définition du projet, peut-être responsable d'une exécution défaillante. Il évoque aussi un certain nombre de malfaçons imputables à STGD. L'expert devra dire si tout est à reprendre ou si le chantier peut poursuivre sur l'existant. La reprise des travaux est donc suspendue à une décision judiciaire.
Malaise
D'autres questions restent en suspens : pourquoi le chantier a-t-il continué alors que des malfaçons avaient été dûment constatées ? Pourquoi Générale de Santé a-t-elle confié le marché à une société déjà en difficulté lors de la signature du contrat ? « Il n'y pas d'"affaire", ici, il y a juste un retard de chantier », remarque Antoine Boulay, sans apporter plus de réponses. En outre, Générale de Santé, qui avait cédé l'immobilier de l'hôpital Jean-Mermoz à Mutavie, filiale de la Macif, pour 48 millions d'euros en avril 2002, rachetait ce même immobilier au début de 2003. Pour quelles raisons ? A quel prix ? « En tant que société cotée au premier marché, il y a des informations financières que nous ne pouvons pas donner », poursuit le porte-parole du groupe sur ce dossier. Dans les trois cliniques lyonnaises du groupe, les médecins interrogés se disent « consternés » par le peu d'informations qui filtrent sur le sujet. « Nous avons organisé une réunion en mai 2003, se défend Antoine Boulay, ce n'est pas de notre faute si les présidents de CME ne diffusent pas l'information. » En tout état de cause, le retard pris par le chantier pénalise les médecins, puisque le matériel lourd acquis par certains est condamné au stockage, faute de pouvoir être installé. C'est le cas, par exemple, d'une IRM.
Générale de Santé, premier réseau d'hospitalisation privé de France, avait annoncé l'ouverture de son « hôpital du troisième millénaire » à la fin de 2001, puis à la fin de 2003. Désormais, elle s'abstient de spéculer sur la date de livraison, tout en assurant que cet établissement reste « une priorité ».
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